Même pas mort ! est un roman de fantasy dégoulinant. Dégoulinant de belles phrases, de jolis mots un peu complexes, de termes spécifiques au monde celte, de testostérone et de soldats à demi-nus. Il dégouline aussi, comme le sachet de frites du stand de restauration rapide au coin de la rue, d’une huile superflue qu’il vaudrait mieux éponger sous peine de vite en avoir la gorge serrée et les artères bouchées. Cette huile rutilante, dont on s’enduit les mains lorsqu’on prend possession de cet ouvrage, certes bien écrit, mais lourd d’inutilités, ça fourmille d’analepses et de prolepses sans autre intérêt que de confondre parfois son lecteur, de le perdre entre songe et réalité, de jouer au magicien qui transforme une terne pomme de terre en une frite d’un jaune brillant qui n’a plus grande valeur nutritionnelle mais croustille en bouche, cette huile, donc, qui compose les trois quart du texte, rend la lecture souvent laborieuse, parfois ennuyeuse.
L’on retiendra le fin cisèlement des phrases, la construction d’un univers non seulement crédible mais aussi très intéressant, auquel mythes et légendes, us et coutumes, confèrent une belle rondeur en bouche. Malheureusement, le récit est souvent mal rythmé, les dialogues pas toujours heureux, comme une sauce aigre, qui avec cette surdose d’huile superflue, par gavage, ne rendent pas gloire au beau travail réalisé. Et franchement, une fois le livre refermé, on se demande bien où l’auteur a voulu en venir, s’il n’a pas sacrifié l’histoire au profit du plaisir coupable du démiurge, le bon mot et la surenchère dans l’univers.
Quoi ? Pourquoi cette métaphore de l’huile, des frites, du gras ? Parce que tout au long du récit, je n’ai pas réussi à lire le nom de notre héros autrement que « Bel-Obèse ». C’est un peu ma façon de boucler la boucle ou de friter la frite.