Mémoires d'une jeune fille rangée par CathyMini
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Les Mémoires d'une jeune fille rangée relatent l'enfance et l'adolescence de Simone de Beauvoir, de sa naissance en 1908 jusqu'à son obtention de l'agrégation de philosophie en 1929, année charnière où elle perd sa meilleure amie Zaza et gagne un compagnon de vie, Jean-Paul Sartre. L'ouvrage est divisé en quatre parties, chacune s'ouvrant sur un nouveau départ : le déménagement de ses parents dans un nouvel appartement, rue de Rennes, suite à la faillite de son père ; le début de ses études supérieures ; son départ du foyer familial, l'année du concours de l'agrégation.
Simone de Beauvoir relate avec minutie les étapes marquantes de sa vie, rythmée par les années d'études et la progression scolaire. L'auteure décrit le milieu bourgeois dans lequel elle a grandit, avec ses principes et ses incohérences, ses valeurs et ses limites. À travers son amitié avec Zaza, on voit en parallèle le destin de deux jeunes filles de bonnes familles qui luttent pour leur émancipation. Simone, vers l'âge de quatorze ans, se libèrera du catholicisme et de l'influence de ses parents, tandis que Zaza restera soumise à sa foi et à sa mère. Le destin tragique de cette dernière contraste avec la réussite de Simone, semblant souligner la nécessité de se soustraire au carcan social et à son avilissement, de conquérir sa liberté malgré le prix parfois lourd à payer : « Ensemble nous avions lutté contre le destin fangeux qui nous guettait, et j'ai pensé longtemps que j'avais payé ma liberté de sa mort. » (p473).
« La bêtise nous faisait rire, c'était un de nos grands sujets de divertissement ; mais elle avait aussi quelque chose d'effrayant. Si elle l'avait emporté, nous n'aurions plus eu le droit de penser, de nous moquer, d'éprouver de vrais désirs, de vrais plaisirs. Il fallait la combattre, ou renoncer à vivre. » (p163). C'est bien là ce que Simone de Beauvoir a fait toute sa vie, combattre la bêtise. Les Mémoires d'une jeune fille rangée relatent le combat d'un esprit contre sa propre ignorance, contre le carcan de son milieu bourgeois, sa quête de la Vérité, sa soif de connaissances. Les mouvements d'opinion, de pensée, sont dépeints avec précision et justesse. Au-delà de ce désir dévorant d'atteindre l'excellence de soi-même, on voit naître le besoin d'écrire, de laisser une trace, d'enrichir les autres par ses écrits : « Si je relatais dans une rédaction un épisode de ma vie, il échappait à l'oubli, il intéressait d'autres gens, il était définitivement sauvé. » (p93), puis « En écrivant une œuvre nourrie de mon histoire, je me créerais moi-même à neuf et je justifierais mon existence. En même temps, je servirais l'humanité : quel plus beau cadeau lui faire que des livres ? » (p187).
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