Affrontement épistolaire entre deux femmes, Louise et Renée, qui ont décidé d'expérimenter deux voies maritales différentes et d'en analyser chaque phase. Il ne m'apparaît pas évident que Balzac tente d'établir une hiérarchie entre les deux choix de vie mais tente plutôt de rendre compte de façon neutre des conséquences de chaque mariage pour le meilleur et pour le pire. Le bonheur par la maternité pour Renée et la trépidante passion pour Louise.
Par la fin tragique on pourrait croire à une morale implacable qui élève le mariage de raison en majesté mais ça parait trop simple, tellement limpide que ça en devient opaque, comme si Balzac avait juste voulu pousser le curseur du romantisme jusqu'au bout et rien de plus.
Le choix de la forme épistolaire renforce le caractère de l'étude de mœurs et nous fait spectateur de l’avancement des deux personnages. Dévoilement en temps réel de leurs sentiments, leurs tourments et leurs joies.
Un livre hautement historique dans une France où visiblement pour les femmes c'était le mariage ou le couvent, d'où le choix cornélien qui s'offre à elle, la raison ou l'amour. Notre époque est forcément circonspecte devant un tel état de fait. Réconcilier amour et raison et abolissant le couperet du couvent, on regarde Mémoires de deux jeunes mariées avec une certaine dose d'incompréhension devant ces coutumes étranges du XIXème siècle.
Pour conclure, je ne vais pas mentir, je ne me suis pas éclaté à lire ce livre mais je dois reconnaître qu'il est très fort et marquant. Indispensable à toute bonne compréhension du siècle bourgeois. D'une morale sans concession mais qui est plus subtile qu'elle n'y paraît.
Samuel d'Halescourt