Révolution.com

D'habitude je ne note jamais les bouquins, mais là il m'a semblé important d'écrire quelques paragraphes, ne serait-ce que pour vous donner envie de vous y plonger, surtout si vous n'êtes pas familier de la culture hacker.

L'ouvrage se présente à la manière d'une compilation d'entretiens, pareil à une fenêtre de chat IRC où chaque chapitre serait un salon de discussion différent. Les intervenants (Julian Assange, Jacob Appelbaum, Andy Müller-Maguhn et Jérémie Zimmermann) exposent leurs points de vue respectifs au sein d'un même raisonnement d'ensemble sur une thématique donnée. Tor, Bitcoin, Google, ACTA, tout y passe. Efficace, la présentation empêche l'exposition de s'égarer dans des tunnels remplis de vocabulaires techniques obscurs, tout en faisant honneur à l'outil de communication qu'elle veut représenter – "Medium is the message" comme dirait l'autre. J'aurais cependant aimé voir surgir davantage de points de désaccords entre les intervenants : la forme du manifeste s'accommode mal des contradictions internes, mais on aurait eu une vision plus exhaustive des idées qui animent le collectif.
L'affaire Snowden ayant éclaté entre temps, certaines prises de paroles peuvent déjà sembler un peu dépassées par l'actualité mais les horizons de réflexion proposés sont toujours valables, dans la mesure où ils touchent à la structure même d'un Internet qui reste encore à construire.

"Menace sur nos libertés" est une très bonne entrée en matière sur la question des rapports de domination sur la Toile, ainsi qu'une invitation à y prendre part pour mieux. Ceux qui y chercheront des informations pointues pourront exploiter les nombreuses notes et références, mais les connaisseurs n'y trouveront pas grand chose de nouveau. Il faudra donc le lire comme un manifeste à but pédagogique, voulant rendre le mouvement hacktiviste intelligible au plus grand nombre.

PS : Pour prolonger la lecture, je vous invite à lire "La démocratie Internet" de Dominique Cardon pour le volet technique, et "La contre-démocratie" de Pierre Rosanvallon pour le volet politique.