La lecture du livre m’a laissé dans deux états contradictoires.
Je me suis senti infiniment plus bête en me disant que j’étais passé à côté de l’intérêt de la fin de l’Éternel Mari de Dostoïevski ou après avoir lu les centaines de pages de la Prisonnière de Proust que je n’avais pas correctement appréciées à l’aune des éclaircissements apportés par René Girard.
Mais le pendant positif de cette lecture a été la découverte de la notion de médiation, qui s’applique en tant que concept sociologique pour démonter le marxisme que René Girard détruit en moins d’un paragraphe, la distinction entre chauvinisme et patriotisme à travers la notion de médiation interne et externe et finalement comme parallèle à tracer avec les théories sociologiques des années soixante développées par des penseurs comme David Riesman (explicitement cité), qui s’attèlent au morcellement et l’atomisation corrélative de la personnalité des individus à mesure que les médiateurs se rapprochent et se multiplient.
Les références à la dialectique du maître et de l’esclave d’Hegel avec la notion de coquetterie et de force et la conscience malheureuse de Marcel dans la Recherche.
Pour une réflexion historique et sociologique sur le début du 19ème siècle, le cinquième chapitre met en exergue le fait que la noblesse soit devenue un succédané de la bourgeoisie à travers une morale « médiatisée par le regard bourgeois », phénomène que l’on peut encore une fois expliquer grâce à la notion de médiation…
Une lecture que j’ai entreprise suite à une référence d’Éric Zemmour dans son « livre » sur les femmes. Au niveau de la structure du roman, les cinq premiers chapitres sont les plus intéressants, avec le neuvième chapitre sur les mondes proustiens.