La lecture du livre m’a laissé dans deux états contradictoires.


Je me suis senti infiniment plus bête en me disant que j’étais passé à côté de l’intérêt de la fin de l’Éternel Mari de Dostoïevski ou après avoir lu les centaines de pages de la Prisonnière de Proust que je n’avais pas correctement appréciées à l’aune des éclaircissements apportés par René Girard.


Mais le pendant positif de cette lecture a été la découverte de la notion de médiation, qui s’applique en tant que concept sociologique pour démonter le marxisme que René Girard détruit en moins d’un paragraphe, la distinction entre chauvinisme et patriotisme à travers la notion de médiation interne et externe et finalement comme parallèle à tracer avec les théories sociologiques des années soixante développées par des penseurs comme David Riesman (explicitement cité), qui s’attèlent au morcellement et l’atomisation corrélative de la personnalité des individus à mesure que les médiateurs se rapprochent et se multiplient.
Les références à la dialectique du maître et de l’esclave d’Hegel avec la notion de coquetterie et de force et la conscience malheureuse de Marcel dans la Recherche.


Pour une réflexion historique et sociologique sur le début du 19ème siècle, le cinquième chapitre met en exergue le fait que la noblesse soit devenue un succédané de la bourgeoisie à travers une morale « médiatisée par le regard bourgeois », phénomène que l’on peut encore une fois expliquer grâce à la notion de médiation…


Une lecture que j’ai entreprise suite à une référence d’Éric Zemmour dans son « livre » sur les femmes. Au niveau de la structure du roman, les cinq premiers chapitres sont les plus intéressants, avec le neuvième chapitre sur les mondes proustiens.

Oronte
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 4 avr. 2021

Critique lue 104 fois

Oronte

Écrit par

Critique lue 104 fois

D'autres avis sur Mensonge romantique et vérité romanesque

Mensonge romantique et vérité romanesque
IIILazarusIII
9

Le passage du point de vue du lyncheur à celui de la victime.

Annonciateur d'une théorie qui connaîtra ensuite un déploiement considérable, ce livre met au point certaines des idées fondamentales de Girard. Ce qu'il découvre à travers l'analyse des grands...

le 20 déc. 2010

10 j'aime

Mensonge romantique et vérité romanesque
CameEleon
8

Le vide de l'être et l'histoire du désir

Dans Mensonge romantique et vérité romanesque, René Girard oppose le roman romantique au roman romanesque : le premier est construit sur la dissimulation de la vérité ontologique de l’homme (son...

le 6 nov. 2020

5 j'aime

Mensonge romantique et vérité romanesque
levihit
10

L'allégorie de la caverne

J'aurais bien mis René Girard premier dans mon top10 si son but n'était pas de prouver le génie de Proust, Cervantès, Dostoïevski et de Stendhal au moyen de la théorie du désir mimétique. Le désir...

le 24 mai 2018

3 j'aime

Du même critique

Charles VI
Oronte
9

Critique de Charles VI par Oronte

Françoise Autrand structure excellemment bien ses ouvrages. Une très bonne synthèse des causes et du déroulement des premières années de la Guerre de Cent ans permet de mieux "rentrer" dans...

le 28 janv. 2023

L'Oreille interne
Oronte
5

Agaçant

Le protagoniste a un don qui lui permet d'entrer dans la tête des gens et de voir ce qu’ils pensent. Les mêmes remarques sur les fantasmes et les expériences sexuelles de chacun constituent le fil...

le 20 déc. 2021