7/10 est une note un peu frileuse pour un amateur de Babel tel que moi. Elle sanctionne surtout la logique éditoriale du volume. En effet, il s'agit un petit peu du Babel en 15 minutes par jour. Les récits choisis couvrent toute l'étendue chronologique de sa carrière et sont extraits pour beaucoup des recueils majeurs qui la jalonnent (le récits d'Odessa sur Bénia Krik, Cavalerie rouge,...). Chaque récit individuellement est superbe mais décontextualisé et lu ailleurs. La seule nouveauté relative était les articles et récits, de moi inconnus, dédiés à la collectivisation en Ukraine.
A ce sujet d'ailleurs, Babel n'est-il pas un des seuls auteurs soviétiques, à ma connaissance en tout cas il pourrait bien être le seul, à traiter de front la question de la collectivisation dans les années vingt-trente? Pour trouver une autre représentation artistique de ce sujet, que je sache, il faut aller vers le cinéma, celui de Dovzhenko par exemple (et peut-être de loin Lady MacBeth de Mtsensk de Chostakovitch). Comme ce dernier, Babel aborde le sujet avec une liberté de ton plutôt étonnante. Certes le début des années trente n'a pas encore vu le basculement du régime stalinien dans la répression à outrance, mais il y a quand même une truculence et une ambiguïté frappantes (qu'on retrouvera, quelques trente ans plus tard dans la déplacée de Heiner Müller mais c'est une autre histoire), qui sont certes les marques de fabrique de Babel, mais aussi surprenantes quand appliquées à un sujet aussi hautement traumatique que la collectivisation et ses conséquences désastreuses.
Un grand auteur donc, à n'en pas douter, mais une édition dispensable, qui collationne de bric et de broc. Intéressant éventuellement pour se faire une idée globale de l’œuvre.