En 2014, Talent Sport édité Un coach, onze titres NBA : les secrets du succès de Phil Jackson, un ouvrage peu passionnant, surtout pour ceux qui ont connu sa période de gloire aux Bulls, puis aux Lakers. Cette année, c'est la biographie de Michael Jordan qui est à l'honneur. Elle est écrite par Roland Lazenby, un journaliste sportif déjà auteur de livres traitant de Jerry West, Kobe Bryant, Johnny UnitasTom Brady, ce qui en fait une référence, surtout qu'il a aussi écrit sur les Bulls durant les années 90.


En 700 pages, Roland Lazenby va dresser un portrait peu reluisant du plus grand joueur de basket de tout les temps. Mais avant cela, il va parler de sa famille et surtout de son grand-père. Sauf que ce n'est pas un auteur et son style freine un peu le plaisir de se plonger dans ses pages, surtout que cela ne permet pas de mieux cerner le personnage. Il faut attendre une cinquantaine de pages pour que Michael Jordan face enfin son apparition.
L'attente est à la hauteur des espérances, il traite de son enfance, en passant par ses années sous le coaching de Dean Smith, puis son arrivée en NBA et de l'impact d'un seul homme sur la société américaine. Il n'omet pas d'aborder les sujets délicats, comme son addiction pour le jeu, où son esprit de compétition, se révèle un avantage sur les parquets, mais un handicap sur les parcours de golf et les tables des casinos.
Michael Jordan est un être humain presque comme les autres, avec ses qualités et ses défauts, ce n'est pas une révélation, personne n'étant parfait. Ce qui est intéressant dans cette biographie, c'est sa relation avec sa famille, avec ce père qu'il vénère. Derrière son visage souriant, maintes fois aperçu aux côtés de son célèbre fils, lors de ses titres, se cache un homme aux mœurs plus que discutable. S'il n'était pas "le père de", la prison serait devenue sa nouvelle adresse......Il avait pris tellement de place dans la vie de son fils, qu'il avait éclipsé son épouse Deloris.
"Derrière chaque grand homme, se cache une femme", cette expression colle parfaitement à Michael Jordan. Sa mère Deloris se révèle plus réfléchie que son père, comme lors des négociations avec Nike. Elle est plus stable et son influence est importante dans la vie de son fils. Mais ce n'est pas l'homme d'une seule femme. Ces périodes de gloire correspondent à une stabilité émotionnelle, auprès de sa première femme Juanita Vanoy, dont seul le décès de son père, va déstabiliser sa vie. Puis auprès de sa seconde femme Yvette Prieto, après une période trouble correspondant à son passage douloureux aux Wizards et ses débuts chaotiques en tant que propriétaire des Bobcats.


Son parcours en tant que basketteur est le plus passionnant, de ses échecs face aux Bad Boys des Detroit Pistons, de sa relation houleuse avec le General Manager des Bulls Jerry Krause, son exigence excessive envers ses coéquipiers, l'arrivée de Phil Jackson et la conquête de son premier titre face aux Lakers d'une de ses idoles Magic Johnson.
"L'homme est un loup pour l'homme", encore une fois, cette expression définit bien Michael Jordan. Il va détruire psychologiquement la plupart de ses coéquipiers, mais aussi permettre à Scottie Pippen de devenir presque son égal. Son esprit de compétition ne le quitte jamais, sur et en dehors des parquets, pour le meilleur et le pire. Phil Jackson va réussir à apaiser l'homme, grâce à sa philosophie de vie, mais aussi en le manipulant. Son sourire de façade, cache un être fourbe, jouant avec les sentiments pour parvenir à ses fins. Doit-on lui en vouloir à la vue des résultats ? Oui et non.
"La fin justifie les moyens", certes mais au point de jouer avec les gens ? Johnny Bach a fait les frais du jeu de poker menteur instauré par Phil Jackson, mais avec six titres NBA, il est difficile d'en vouloir au coach. Sauf que malgré tout ses défauts, Michael Jordan est un homme loyal et se rendra au Hall of Fame avec Johnny Bach et non avec Phil Jackson, tout se sait et se paie un jour.


Après Deloris Jordan, un autre personnage important dans la vie de Michael Jordan, se voit consacrer, il s'agit de Tex Winter, l'homme qui mit au point l'attaque en triangle et permit aux Bulls, de devenir la plus grande équipe de tout les temps. Phil Jackson a su s'entourer de grands tacticiens pour arriver à ses fins, son approche psychologique a permis de mieux mettre en pratique cette fameuse attaque en triangle, qui fera aussi son succès à la tête des Lakers. Il faudra du temps pour que Michael Jordan accepte de rentrer dans ce schéma tactique, mais son QI basket est si élevé, qu'il va se l'approprier et en tirer le meilleur pour lui et son équipe.
Dans une NBA ou les pivots sont dominants, la réussite de Michael Jordan est encore plus impressionnante. Il va prendre l'ascendant sur chacun de ses adversaires, ce sera plus long face aux Pistons, mais régulier face aux Knicks de Patrick Ewing, aux Cavaliers de Brad Daugherty, puis le Magic de Shaquille O'Neal. Ses duels face à Joe Dumars, Craig Ehlo et John Starks, vont devenir légendaires.


Il y a tout de même des regrets, avec la venue de Dennis Rodman aux Bulls, à peine survolée, comme les finals face aux Sonics. Les 700 pages se révèlent insuffisantes pour raconter la carrière et la vie de Michael Jordan. Dès que les pages défilent, il y a un sentiment de frustration qui s'installe à l'approche de la fin. Celle-ci est d'ailleurs laborieuse, donnant le sentiment d'être du remplissage, comme le début de l'ouvrage.
Roland Lazenby maîtrise son sujet quand il parle de la famille Jordan avec laquelle il s'est entretenu. Idem quand il raconte les coulisses des entraînements et de la direction des Bulls. Moins, quand il tente de broder sur l'après-Bulls. Malgré tout, cela reste une oeuvre dense et passionnante pour tout fan de Michael Jordan.


Michael Jordan est une légende, mais aussi un homme. Son histoire ne laisse pas indifférent, il déborde du seul cadre du basket et fait de lui, une des personnalités les plus populaires de l'histoire du sport. Cette biographie est incontournable et donne envie de découvrir toutes celles écrites par Roland Lazenby.

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le 9 août 2015

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Laurent Doe

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