Pour les fans de Mindhunter et de profilage
Dévoré en quelques jours... Très bien écrit, avec beaucoup de détails qu'on ne trouve pas dans la série ... Un vrai petit bijou pour les amateurs du genre.
Par
le 14 janv. 2023
Globalement j'ai apprécié mais le début a été une épreuve de persévérance.
Le long prologue sur le jour où le corps de John Douglas a lâché était inutilement étalé sur 14 pages pour un apport quasi inexistant. Cela se résume à "j'étais surmené". Pas vraiment de lien particulier avec la suite. Sans compter que ça transpire tout seul au fil des lignes c'est donc dire la nécessité qu'il y en avait.
Alors au pire ça sert à rien mais non, ça donne tout de suite un ton d'épisode random raconté car le co-auteur avait sans doute envie de donner une image de héros vulnérable. Le ressenti que ça m'a laissé était plutôt de l'ordre de l'obligation littéraire d'avoir un prologue et qu'on a meublé avec une sale toux qu'on a eu en 1981. Alors je sais il aurait pu y rester mais ça faisait romancé et putain mais QUATORZE PAGES.
Pour ce qui du déroulé, je n'en ai pas réellement cerné le fil rouge. Ça s'en va et ça revient. Les chapitres sont longs sans réellement que j'arrive à en dégager la thématique ou le point central qu'il voulait amener. On aurait pu ne pas mettre de chapitres et simplement enchaîner les affaires de manière chronologique avec l'apport sur la réflexion et l'évolution au sein du FBI que ça m'aurait tout autant plu et m'aurait sans doute moins perdue. Ce qui reflète le côté décousu c'est lorsque lors d'une affaire il parle du "kit de viol" (pas des instances médicales mais du violeur), il y a eu la nécessité d'apporter une note de l'éditeur pour brièvement expliqué que l'auteur y fait référence plusieurs chapitres après pour expliquer ce qu'il entend par là. C'est à cet instant que s'est concrétisée en moi l'idée qu'ils avaient sans douté évoqué plusieurs affaires, les avaient mises dans des chapitres de manières un peu fortuites et puis avaient agencé le tout selon une logique qui m'échappe. Et du coup on s'est retrouvés à plusieurs reprises avec des évocations de choses "comme si elles avaient déjà été expliquées" alors qu'en fait par erreur ou manque de relecture pour arranger ça, le début de conversation qui y faisait référence a finalement été mis après.
C'est pour ça qu'à mes yeux c'est + un déroulé des souvenirs suscités par une discussion informelle sur lequel le co-auteur est venu essayé d'apporter de la valeur ajoutée en insistant sur un agencement différent de certains fragments histoire de faire genre comme pour le prologue que son apport est vraiment là. (je suis mauvais langue parce que bien sûr je n'en sais rien)
Vrai du faux, Dieu seul le sait, toujours est-il que l'aspect confus est présent.
Cela mis de côté, la nature même des faits relatés suffisent à m'intéresser donc j'ai apprécié la lecture. Je ne pourrais pas dire que j'ai appris grand chose sur le sujet mais ça n'a pas gâché mon plaisir.
Ce n'est pas de lire des horreurs qui me passionne mais juste l'existence de telles personnes dans de telles extrêmités. De comprendre/percevoir quels sévices, modes opératoires, caractéristiques peuvent amener à dresser un profil détaillé d'une personne. Et se dire plus largement que dans l'absolu on est tous aussi limpides et profondément prévisibles et identifiables. Et ça ramène à l'idée qu'on n'a rien d'exceptionnel et qu'on est comme on est parce que telle et telle chose. Et ces caractéristiques transpirent dans nos actes et nos paroles. On est vraiment rien.
Et se plonger dans la tête de quelqu'un. Oui là ça m'effraie particulièrement parce qu'on parle d'actes horribles mais plus largement se mettre à la place de quelqu'un est émotionnellement dur. Que ce soit pour ressentir sa peine, ou dans les cas présents sa rage et ses pulsions, pour moi c'est fascinant. Ce qui est glaçant dans le fait d'entrer dans la mentalité d'un tueur en série c'est pas tant de penser à des actes gores mais de comprendre et surtout ressentir le plaisir que ça apporte. C'est ce qui me terrifie et je pense que pour toucher à ça il faut vraiment qu'ils aient une vie lambda avec femme, mari et enfants à côté.
A côté de ça il y a également tout ce que ça amène à penser sur ce que l'être humain peut devenir. Cette idée profonde qu'être un psychopathe n'est pas une maladie mais une évolution aussi normale et logique qu'une autre et j'ai aimé qu'il termine son livre sur l'importance de l'amour et la bienveillance d'une famille ou d'une personne de l'entourage qui peut aider à réorienter cette évolution et la responsabilité profonde qui nous incombe en tant qu'être humain évolué, conscient et supposément intelligent à penser à l'autre et aider (autant pour éviter les tueurs en série que toutes les déclinaisons de mal plus superficielle qu'il peut y avoir).
Il a un peu introduit le bouquin (après le prologue mdr) et fini avec l'idée de "nés psycho ou devenus", j'en ai marre que ce genre de question existe encore. La question est tellement conne et je suis tellement persuadée qu'il ne se la posait pas réellement que je suis sûre que là aussi c'est le co-auteur qui a dû lui dire qu'il fallait une problématique à laquelle répondre à la fin. On ne nait pas comme ça, on le devient, pour tout. Et une fois qu'on l'est devenu il n'y a pas de retour en arrière et ce n'est pas grave. Par contre si on parle de caractéristiques propres à attenter à la vie d'autrui bah ouais ce serait bien d'apporter les bonnes vibes aux instants clés de la construction de cet être.
Ah si, seul apport ! Il m'a convaincue de ne plus être pour la peine de mort même pour les psychopathes (une des catégories pour laquelle il n'y avait pas à tergiverser dans mon esprit). Tout bêtement ce qui ressort à plusieurs reprises c'est que les tueurs en série qui ont sévi dans des états où la peine de mort existait encore avaient tendance à ne pas lâcher le morceau jusqu'au bout car il en allait de leur survie donc admettre des morts supplémentaires n'était pas bon et risqué. Alors que la perpétuité peut faciliter le côté "c'est fini pour moi et viens on parle je risque rien de pire". Pas tout le temps mais cette mince chance me suffit. Par contre une vraie perpétuité incompressible puisqu'il ne peuvent pas être réhabilités.
J'y pense, j'aurais aimé un petit ratio de Douglas sur le nombre de profils dressés qui étaient corrects par rapport à ceux qui se sont révélés erronés. Il exprime à plusieurs reprises la crainte du mauvais diagnostic sans toutefois apporter un exemple de fois où ça aurait pu s'être concrétisé. En exposant la manière dont il a pu le vivre, la confiance qui a pu être ébranlée de la part de ses interlocuteurs et qui aurait pesé sur de futures collaborations, la responsabilité de n'avoir pas aidé à sauver des vies, etc. Ce livre était l'occasion d'aller jusque là. Après peut-être qu'il n'a pas eu d'erreur ou en a eu sans se retrouver complètement à côté de la plaque.
Bon, pour ce qui est de l'aspect anxiogène de la lecture, je l'ai eu. Mais je suis une tapette. Je ne pouvais pas le lire le soir car lorsque je l'ai fait j'ai suspecté que mon voisin du dessus mettait sa télé excessivement fort pour cacher les bruits de sa victime ou du découpage en règle qu'il faisait. Que le bruit de mes volets entendu au travers de mon casque c'était lui qui avait sauté de son balcon vers le mien pour me tuer et que comme il faisait chaud il n'aurait qu'à les soulever quand je serais endormie puisque ma fenêtre restait ouverte. Ça parait stupide mais j'étais à deux doigts de pleurer.
Très sincèrement j'ai lu le bouquin parce que je compte voir la série. Je n'aime pas avoir peur et ce genre de lecture me plonge dans de très mauvais délires.
L'impression globale est sympathique sans être transcendante.
Créée
le 7 juin 2021
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