" i had just come to accept that my life would be ordinary when extraordinary things happens to me."
La toute première phrase de ce Miss Peregrine's home for peculiar children pourrait presque résumer à elle seule le regard de Jacod Portman sur sa vie. Je dis presque, car une autre, en tout fin de ce premier tome, la résume encore mieux :
"I used to dream about escaping my ordinary life, but my life was never ordinary. I had simply failed to notice how extraordinary it was."
Ce genre de réflexion peut sembler simple, mais il s'agit pour moi de parfaits descendant du fameux "il était une fois...".
Simple mais efficace, le lecteur sent immédiatement qu'il va en prendre plein les mirettes et s'envoler vers un monde imaginaire plein de magie et de merveilleuses aventures.
Si ce premier tome peut s'apparenter à un livre pour enfant, je dirais qu'il s'agit davantage d'un livre destiné à l'enfant caché dans le lecteur adulte. Bien sûr, on pourrait en faire un joli dessin animé pour les marmots, mais les images qui s'imposent à l'imagination, soutenues par ces merveilleuses photos collectées par l'auteur, rappellent davantage un Tim Burton.
Pour faire simple, Harry Potter rencontre ici X Men tandis que Beetlejuice pointe le bout de son nez.
Mais bien que l'on ne puisse s'empêcher de penser aux enfants perdus dans leur pays imaginaire en rencontrant peculiar children dans leur loop (navrée mais je ne sais pas comment cela a été traduit), et que la ressemblance avec l'école pour Mutant de Charles Xavier (pour l'aspect particulier) et le Hogwarts d'Harry (pour son athmosphère oscillant entre gentils et mauvais sorciers) soit flagrante, l'auteur parvient à créer un univers qui lui est propre.
Un univers à la fois sombre et souriant, avec des personnes aux dons magnifiques mais cachés de tous, un univers ou l'obscurité et la lumière se battent, tout comme les différentes visions du bonheur et de l'épanouissement.
Ces adolescents de quatre vingts ans sont, de par leurs dons comme de par la différence entre leur physionomie et leur âge, extrêmement bien pensés. Attachants ou plus obscures, ils cachent derrière leurs visages enfantins une histoire et des secrets qu'il nous tarde de découvrir. Leur vie est pleine de contradictions et les réflexions amenées par leur existence (tout comme celles amenées par la relation entre Emma et Jacob) sont assurément intelligentes.
L'univers créé par Riggs se tient bien et si le tome un nous ouvre ses portes, nous faisant entrer dans ce monde comme Jacob, progressivement, il s'agit là d'une très bonne base.
Bien entendu, impossible de parler de ce livre sans aborder l'une de ses particularités : les photographies qui rythment le récit. Loin d'être de simples illustrations comme dans les livres pour enfants, ces photographies, soigneusement collectionnées et sélectionnées par l'auteur s'ancrent parfaitement dans le récit. Elles ne l'illustrent pas, elles le servent. Et le fait qu'il s'agisse de réelles photos, tout comme leur style permet de donner une touche à la fois plus réaliste et plus rêveuse au récit. Elles sont un peu comme les photos que pourraient nous montrer nos parents en racontant leur passé - ce que fais d'ailleurs Abe Portman avec son petit fils, créant ainsi un lien avec le lecteur). Ces photos ont une histoire, mais faute de la connaître, l'auteur leur en a inventé une, leur a offert une place dans son histoire.
Une touche simple mais originale et terriblement efficace.
Je concluerais très rapidement (le tome 2 m'appelle) en conseillant vivement ce livres aux adultes ayant gardés leur âme d'enfant, à ceux qui veulent rêver à partir de rien, à ceux qui, une fois dans leur vie au moins, ont déjà rêvé d'une vie moins ordinaire.
NB/ Ma Critique plus creusée sur Le Fictionaute : http://lefictionaute.com/miss-peregrine-et-les-enfants-particuliers/