Martin Julius Crow Jr. nous raconte la dureté de sa brève existence dans un monde de blancs, un monde dans lequel l’homme noir n’a guère plus de valeur qu’un meuble. Elevé à la dur par un père qui sort le ceinturon pour faire entendre cette réalité à son fils, Martin a appris dans le sang que son corps ne lui appartient pas et que personne d’autre que lui n’en prendra soin.


Nous ne sommes pas faits de la même pâte. Même si le sang qui coule dans nos veines est rouge pour toi comme pour moi. Encore un leurre, ce sang, parce que le tien ne coulait pas souvent. Mon père m’a appris une chose que le tien ne t’a sûrement jamais enseignée. La race naît du racisme, et pas l’inverse.

Glaçant, Missié est le récit tragique d’une époque pas si lointaine où la ségrégation avait court dans nombreux états américains. Si l’esclavage y était aboli depuis 1865, le racisme n’en était pas moins violent à l’égard d’une population privée de ses droits élémentaires et tenue responsables de tous les maux. C’est ainsi qu’en dix minutes à peine, Martin fut condamné à mort pour le meurtre de deux fillettes blanches.


Christophe Léon signe un roman, court et terriblement percutant, inspiré de l’histoire vraie de George Junius Stinney Jr., condamné en 1944 à la chaise électrique alors qu’il n’avait que 14 ans. Sans preuves, le jugement fut expédié et l’enfant fut exécuté trois mois plus tard sans avoir même pu revoir ses parents. Il reste aujourd’hui encore le plus jeune condamné à mort de l’histoire des Etats-Unis. Il fut innocenté en 2014, soixante-dix ans plus tard, par la juge Carmen Tevis Mullen. [Sources : wikipedia].


J’ai prié, Missié. J’ai prié pour qu’on m’épargne. J’ai prié pour mes soeurs et mes parents. J’ai prié pour tous les Blancs et tous les Noirs. J’ai prié pour que cesse le combat fratricide entre tous les humains.

Le texte, écrit à la première personne du singulier, s’adresse directement au lecteur, l’immergeant complètement dans cette terrible époque, rythmé par les « missié » de Martin qui se répètent inlassablement comme une prière, un appel à l’aide qui résonnera encore bien après la lecture. Les illustrations sobres de Barroux viennent appuyer la dureté et la violence de certaines scènes. Missié, pour aborder la ségrégation avec les adolescents.


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Ladythat
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le 27 mars 2023

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