Avoir un ego démesuré est-il une condition sine qua non pour réussir dans la jungle du football moderne ou est-ce une simple posture ? Ce qui fascine chez Zlatan, c’est cette absolue confiance en lui, cette foi qui le pousse à ne jamais douter tout en se remettant suffisamment en cause pour progresser, comme une sorte de lucidité encadrée. Travailleur acharné, Zlatan est un joueur d’équipe uniquement quand il en est le leader incontesté. C’est un personnage complexe mais cohérent, arrogant mais drôle. Il a un mode de fonctionnement brutal, presqu’animal, mais une fois amadoué, une fois compris, il est presque sympathique. Le Z s'est construit un personnage, une façade médiatique, le mec superfort à l'excès façon Chuck Norris, avec juste ce qu'il faut de second degré pour qu'on comprenne qu'il est plus malin qu'autre chose ! C’est une sorte d'anti Beckham : pas lisse, entier, nerveux, excessif, spontané, un vrai régal pour les médias ! Pour Zlatan, la vie est un rapport de force, et s’il lui arrive d’être sans pitié, il fait preuve d’une certaine noblesse : fort avec les forts, faible avec les faibles. Personnage haut en couleur, il a une attitude souvent jubilatoire pour le lecteur. On est souvent dans le n’importe quoi tant l’exigence du bonhomme est sans limite, mais à sa décharge, c’est sa principale force… Il y a du George Best chez Zlatan, un certain sens de la répartie, du style et pas mal d'autodérision. Dans le foot, il est tout seul sur son créneau !
Récit très hagiographique, Zlatan aborde quand même certaines zones d’ombre, notamment sa violence et son rapport avec les médias. En revanche, pour ce qui est de la corruption et le dopage on reste dans l’omerta la plus totale. Le passage sur sa période Juve et le scandale du Calciopoli le dépeint au mieux comme un mercenaire aveuglé par ses intérêts. Son portrait de Moggi est d’ailleurs à contre-courant de tout ce qui a pu sortir dans les médias au moment de l’affaire. La vérité est sans doute moins reluisante. Ce n’est pas un livre d’un grand intérêt, mais il est amusant à lire car le Z. parle de lui avec une certaine sincérité : il ne cache ni ses passions (Mourinho, Beenhakker, Capello) ni ses haines (Guardiola, Ljungberg, Lagerbäck) et règle certains comptes (avec l’Ajax et van der Vaart notamment). Il y a un coté gossip assez plaisant pour les amateurs de ce genre d’anecdote.