Comment parler de ce magnifique roman plein d’esprit, sans le réduire à son histoire – un triangle amoureux – ou à un polar avec enquête, suspens et inévitable bombe à retardement du secret dévoilé ?
Alors, puisque je m’y risque ici, je parlerai surtout de folie, d’ironie et de poésie.
François-Henri Désérable a les mots justes, pudiques et impudiques, pour raconter l’amour malheureux et impossible ou plutôt deux amours, l’un « passionnel, déraisonné » et l’autre « solide et certain, durable ». Il approche au plus près le désir avide et le manque, les corps flamboyants et la fièvre, les cœurs tourmentés et l’absence. C’est l’histoire folle d’un amour fou.
Page après page, nous cheminons sur une ligne de crête entre comédie et tragédie, hésitant sans cesse entre l’une et l’autre, sans jamais vraiment savoir s’il faut rire ou pleurer. L’auteur joue avec l’ironie, la dérision et le mélange de tons. C’est drôle et subtil.
Et c’est aussi très poétique. Verlaine et Rimbaud apparaissent en toile de fond du récit. Sonnets et haïkus elliptiques cachent un sens à débusquer et résonnent comme des énigmes à résoudre.
En bonus, les clins d’œil sont garantis pour celles et ceux qui aiment le poème « Elsa » d’Aragon ou le magnifique roman de Tanguy Viel, « Article 353 du Code pénal ».
Paru en août 2021
Grand prix du roman de l'Académie française 2021