J’ai toujours une sorte d’angoisse avant de lire de la littérature française ; la faute en revient certainement au cinéma français - j’ai toujours peur de voir se matérialiser devant mes yeux un futur rôle potentiel pour Kad Merad ou Danny Boon, personnages vivant dans une banlieue fictive dont les voitures immatriculées dans le 96 seraient les témoins d’une France mal diagnostiquée mais toujours aussi raciste et psychophobe, se nourrissant de mauvaises blagues qu’on oserait à peine sortir après avoir pissé sur une station d’autoroute, le tout mis en musique par Christophe Maé.
Heureusement pour la littérature française, tous ses enfants ne sont pas faits pour être adapté en comédie digne d’un film de dimanche soir sur une chaîne bolloresque. Non, la littérature française possède de petits trésors accessibles, mordants, qui arrivent à insuffler un bon gros vertige des familles, et je trouve ça encore plus habile quand le roman se veut drôle. D’un drôle beaucoup plus borderline que je n’oserai me l’avouer, pour des raisons personnelles.
Comprends bien. J’ai frôlé la tachycardie à chaque fins de chapitres (découpés ici en jours de la semaine, 7 jours 7 chapitres + 1 bonus au twist merveilleux). Je me suis reconnu dans cette femme jusqu’au mardi à peu près. D’où le vertige, les palpitations, la sensation qu’on devrait mieux arrêter de lire tout de suite ce roman afin d’abréger ces brèves souffrances exposées comme ça à la vue de tous (il faut arrêter de rentrer dans la tête des gens, c’est pas bien).
Puis viennent les rires jaunes, on se rassure au fur et à mesure que les névroses de l’héroïne prennent de l’ampleur, ce qui nous permet de comprendre qu’on assiste à une belle farce. Pfiou. Le retour des sons et des couleurs, les palpitations qui repassent en mode chill, pfiou.
Maud Ventura est auréolée par Amélie Nothomb et on comprend pourquoi ; pour cet humour sordide, ce vernis qui craque, ces petites bombes lâchées avec intelligence, tout comme cette grande dame est capable de faire quand elle se décide d’être généreuse.
Mon Mari est un bonbon acide, à se passer entre amis histoire de se mettre mal à l’aise, un cadeau un peu toxique, pour taquiner. La petite malveillance qui fait du bien.
Go !