Le récit d'une femme obsédée par son mari, qui consigne les fautes de ce dernier, le punit en conséquence, passe son temps à sur-analyser sa vie de couple dans un cadre bourgeois par ailleurs bien tranquille.
Je suis un peu déçu par ce roman de Maud Ventura qui a pourtant eu un certain retentissement. Suivre une femme à l'obsession dévorante, psychotique, mais aussi d'une froideur et d'une rationalité assez terrifiante par instant, tout cela est intéressant même si cela bloque toute forme d'empathie envers le personnage.
Cette capacité à tout consigner dans des carnets, à apprendre, à étudier les causes et les conséquences des divers comportements de son mari soulève tout de même l'intérêt.
Mais pour le reste il y a beaucoup de choses à dire. Difficile de ne pas relever les facilités que prend l'autrice quand elle utilise les thèmes et champs lexicaux des couleurs, de ne pas être contrarié par les raisonnements finalement égoïstes de cette femme peu aimante avec ses enfants.
On ne peut pas la comprendre, ni s'attacher à elle, et le ton caustique peut faire illusion à certains moments mais finit par tomber dans la répétition. On retrouve un peu de Gone Girl dans le traitement du personnage mais comme les autres personnages restent en retrait et ne sont vus que par le prisme de la femme, ils n'ont guère droit à s'exprimer.
La manipulation et le sentiment d’injustice ne vont pas ensemble et font que de plus en plus on rejette les raisonnements, les sentiments et les agissements de cette femme qui fait de chaque détail une montagne.
Et j'ai détesté cette fin où l'autrice choisit de donner enfin la parole au mari... pour le faire apparaître comme un monstre tout aussi détaché et manipulateur. Et c'est même pire pour lui car il n'a le droit qu'à quelques lignes ce qui le caractérise de manière expéditive. J'ai l'impression que Maud Ventura n'a pas pu assumer jusqu'au bout d'avoir un personnage féminin machiavélique et presque psychopathe et qu'il fallait contrebalancer au dernier moment en dévoilant que le mari est du même acabit.
Au finale Mon mari est un roman pas inintéressant mais il provoque lui-même sa chute en créant ses propres défauts puisque la froideur de son personnage se retrouve dans sa narration (une fois la causticité évaporée), que son manque d'empathie se retrouve chez le lecteur et que la fin échoue lamentablement, à mon sens, à provoquer un changement profond de sentiment vis à vis du roman.