Mon traitre, par Sorj Chalandon, c'est une histoire de désamour. Antoine, luthier à Paris se prend d'amour pour l'Irlande, la seule et la vraie pour lui, celle du Nord, celle de l'IRA, celles des catholiques en terre occupée par les protestants anglais. La rencontre en ce jeune homme timide et cette terre exubérante et plaine de folklore se fait via Tyrone Meehan, un cadre de cette communauté qui lui fit découvrir chaque détails.
Mais Tyrone va s'avérer être un traître. Un traître à l'irlande, à l'IRA, à ses proches et surtout à Antoine.
C'est cette désillusion, ce désamour que l'on va suivre sur ce court roman d'environ 150 pages. On va voir Antoine découvrir avec émerveillement l'Irlande à travers les yeux de Tyrone, tout en relisant cette découverte à l'aune de cette nouvelle connaissance que le narrateur nous livre dès le départ, dès le titre : Tyrone est un traître. Sachant cela, qu'est ce qui était vrai, qu'est ce qui était manipulation.
Le roman présente des moments de réels grace, des descriptions immersives que ce soit des paysages ou des personnages. Mais j'ai eu du mal à rentrer dedans pleinement. La faute au personnage d'Antoine à la fois trop présent et trop discret. La faute également à la gestion de cette ambivalence entre l'immense respect pour Tyrone et la déception. Cette équilibre est, je pense, trop difficile à retranscrire par écrit. On la devine au travers des écrits, mais je trouve qu'on ne peut pas vraiment la comprendre tel qu'Antoine l'a vécu. Et comme c'est le cœur du roman, je trouve qu'on perd en intérêt. On reste en bordure, on reste un touriste à Belfast ne comprenant que ce que l'on nous montre mais ne pouvant expérimenter la réalité des choses que l'on devine complexe, mais que notre guide peine à nous faire ressentir. On gardera tout de même de belles photos souvenir, personnages, pub ou lieu sauvage décrit avec merveilles et puissance.