Chronique d'une imposture
Autant La Maison de Soie était particulièrement réussi, pour un polar mettant en scène Holmes et Watson en-dehors du canon, autant ce Moriarty est d'une insupportable insipidité.
D'abord, l'enquête qui se vend comme une plongée haletante dans les méandres du crime après la disparition de Holmes aux chutes du Reichenbach et qui se révèle, au mieux, digne d'un feuilleton moyen qui, bien mis en scène, pourrait cependant être cool à regarder. Mais à lire, quel calvaire. Je l'ai éclusé rapidement, non pas parce que j'avais hâte de connaître le dénouement de cette investigation tirée par les cheveux, mais parce que j'avais hâte d'en avoir fini. L'histoire est pauvre, très pauvre, et l'on ne peut s'empêcher de dire, s'agissant du mystérieux Clarence Devereux que, pour un type dépeint comme le criminel le plus dangereux des States, l'échelle des superlatifs est à revoir. A aucun moment on ne parvient à imaginer, en dépit des fameux rebondissements macabres, ajoutés à la truelle, que l'organisation de ce malfrat américain puisse rivaliser avec la classe et la dangerosité de l'empire Moriarty. C'est pourtant sur ce postulat que repose toute l'affaire. Tandis que le seul protagoniste digne d'intérêt, l'inspecteur Athelney Jones, se retrouve en définitive constamment tourné en ridicule.
Et puis, je ne supporte plus ces bouquins "dans la vague" Holmes, conçus comme des jeux de pistes dans le Londres Holmesien avec des références balancées à tire-larigot et sans subtilité aux récits de Watson, aux méthodes de Holmes. Rien de surprenant, rien de transcendant. A peine un ersatz tiédasse de la pire des enquêtes qu'ait pu écrire Conan Doyle.
Quant à ces rebondissements ridicules dont Horrowitz émaille son récit, on se prendrait presque à lire le script d'une série policière versant dans le gore avec toutes ces soudaines giclées de sang qui font du sensationnel à bon compte. Autant de rebondissements sanglants placés en travers, à la Gilles de la Tourette, qui ne parviennent évidemment pas à faire oublier qu'à côté de ça, l'intrigue se barre en sucette... jusqu'à un dénouement, à l'image du reste, navrant, et qui n'en surprendra que la moitié.
Bof bof.