Et King s'essaie au polar...
[Spoilers possibles mais négligeables]
Tout commence par une scène en immersion dans une foule, attendant devant l'entrée d'un "salon de l'emploi". L'histoire précaire de quelques personnages bien attachants, une mère de famille et son bébé par exemple, soudainement happés par une Mercedes devenue folle lancée à pleine vitesse, conduite par Brady, le fameux Mr. Mercedes. Il n'en faut pas plus à King pour rendre son méchant glaçant et détestable et lancer à pleine vitesse son roman.
S'ajoute à cela un policier à la retraite, Hodges, qui par l'intermédiaire d'une lettre se voit directement nargué par Mr. Mercedes en personne, quelques temps après le massacre. En découle un véritable chassé-croisé au rythme soutenu allant crescendo jusqu'au sprint final des 50 dernières pages.
L'histoire est extrêmement bien pensée, les personnages bien développés et divers (notamment Holly que je trouve particulièrement attachante) et le tout se déroule assez rapidement, sans longueurs. La première partie est jubilatoire et novatrice de par les messages échangés par les deux protagonistes, alors que la dernière partie est certainement la plus réussie, notamment grâce au fait qu'aucun personnage ne semble à l'abri (à l'instar des protagonistes d'un certain George RR Martin) et à la course contre la montre qui est des plus saisissantes. La marque de fabrique King est bien reconnaissable mais n'est pas dérangeante à la lecture du roman.
Bref, pas grand chose à redire à cette histoire, si ce n'est peut-être une petite déception vis à vis du personnage de Brady. Il est certes glaçant, démoniaque, détestable à souhait, mais toute l'étendue de sa méchanceté est dévoilée très tôt dans le roman et le personnage ne semble pas évoluer. On n'assiste à aucune progression dans sa folie, par exemple, et il semble être là "juste" pour jouer le bad guy. Sans but personnel. Méchant pour méchant, quoi... Après cela reste du pinaillage et n'empiète pas vraiment sur la qualité du roman.
"Mr. Mercedes" est bien la preuve, s'il en faut une, que Stephen King reste après sa cinquantaine de romans toujours au plus grand de sa forme (malgré la chute de pression "Duma Key"). Autre preuve ? King n'est définitivement pas un écrivain d'horreur mais bien un écrivain tout court, capable de manoeuvrer entre les genres avec un brio rare.
Donc un roman à lire au plus vite !