Ce roman est discrètement, subtilement, terriblement dingue. Déprimant, mais admirablement réalisé ! L'écriture est fine, délicate, habile - du génie en mots. Nous allons d'un personnage à un autre, sans sauts, sans interruption, dans une fluidité déconcertante, pour une unique journée. Cela demeure vrai jusqu'au bout, les pensées de l'un, les paroles de l'autre, celles d'une flopée de personnages, une petite société, un monde entier. Un monde nécessaire. Mais ce n'est que l'histoire d'un coeur. Un seul coeur, un seul amour. Une seule femme. Et sans ce monde, l'amour ne pouvait pas être.
La tension ne monte pas petit à petit. La fluidité reste fidèle à elle-même tout au long du roman. A l'avant-dernière page, on comprend qu'il ne se passera rien de plus, qu'il ne reste plus assez de mots pour que la situation change. Alors pourquoi ? Pourquoi tout un roman ? Pourquoi cet homme fou, cette vieille tante, cette jeune femme, ce médecin, ce monde enfin, ce monde si mondain ?
Pour un paragraphe, à peine. Pour une phrase. Une phrase finale. Qui ne peut exploser que parce que des milliers l'ont précédée. Une phrase.