Mrs. Dalloway par BibliOrnitho
Mrs Dalloway est riche : elle occupe une place privilégiée sur la scène de la haute bourgeoisie londonienne. Nous sommes en 1923, au cours d’une belle journée de juin. C’est le matin et ce même jour, elle donne une grande réception. Une soirée où le tout-Londres est convié. Le Premier Ministre en personne sera là. Et naturellement, Mrs Dalloway est préoccupée : tout doit être parfait. Le lecteur la découvre déambulant dans les rues, dans les environs de Westminster. On la voit notamment réservant ses fleurs.
Puis, l’attention de l’auteur se porte sur un autre personnage que Mrs Dalloway a croisé. Après un temps, ce second personnage en rencontre un troisième – qui devient à son tour le centre de l’action – puis, un quatrième, un cinquième, un sixième… Au total, toute une kyrielle de londoniens déambulant en ce matin dans les rues et les jardins de la capitale britannique. Chacun avec ses occupations et ses préoccupations. Ce défilé est très original mais pas toujours aisé à suivre car Virginia Woolf n’indique jamais qu’elle a changé de centre d’intérêt : au lecteur de repérer le nouvel arrivant. Une journée avec les personnages, cette journée de juin.
Si Mrs Dalloway en est le principal, le personnage central, le personnage éponyme, l’auteur la maintient la plupart du temps à l’arrière plan. Le lecteur ne la découvre le plus souvent qu’à travers le récit consacré aux personnages secondaires avec lesquels la dame est en relation plus ou moins étroite : Peter Walsh, en se présentant chez elle à l’improviste alors qu’il rentre d’un séjour de cinq ans aux Indes, déclenche ses souvenirs. Souvenirs de jeunes femmes grâce auxquels le lecteur fait la connaissance de Sally Selton qui l’a éveillée à la sensualité, de Peter Walsh lui-même qui se révèle être son amour de jeunesse, celui qu’elle aurait pu épouser. Richard, son époux et Elizabeth, sa fille âgée de 17 ans, incarnent quant à eux la vie présente et évoquent la femme adulte, la quinquagénaire fière et mondaine qu’elle est devenue. A leur manière, chaque personnage influence le récit, y apporte une petite pierre permettant de préciser le personnage emblématique de Clarissa Dalloway.
Viriginia Wolf dépeint dans ce livre une grande fresque d’après-guerre. Le rythme très lent (trop) est régulièrement ponctué par Big Ben qui sonne les heures et les demi-heures. Beaucoup de longueurs dans ce récit à la fois simple (car il ne s’y passe pas grand-chose) et complexe, à l’image de Clarissa qui est en fin de compte un être multiple : elle est épouse, mère, ancienne amante, maîtresse de maison, ancienne fille de son père… Mais au final, c’est l’ennui que je retiendrai de ce livre et une seconde moitié lue parfois en diagonale (principalement la réception finale).