puissant et inoubliable
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Elle a 14 ans. Elle s’appelle Lisa mais on l’appelle "Turtle", on comprendra vite pourquoi. Mais pour son père, avec qui elle vit seule dans une cabane délabrée au fonds de nulle part, elle est « croquette » …dans les bons jours.
Fille de l’eau et des forêts, Lisa est beaucoup plus à l’aise pour démonter et graisser un Remington 870 ou tirer sur des cibles à 200 pas de distance avec son Sig Sauer perso ou construire des abris dans les bois que sur les bancs de l’école ou avec les filles de sa classe qui l’évitent prudemment.
La perte de la femme aimée a été pour son père, marginal tourmenté mais non dénué de culture, une épreuve dont il ne s’est pas remis et il a remplacé l’épouse par la fille sans l’ombre d’un doute mais parfois d’un remords, vite repoussé. Oscillant entre ses humeurs d’un dualisme pervers, Lisa devient alors un « amour absolu » ou une « pauvre petite moule illettrée » Cherchant à éviter l’ire du père, elle est prête à tout faire et à tout subir. Elle fait tout, elle subit tout.
Le lecteur, impuissant, suivra l’ambivalence insoutenable de cette gamine prise entre l’amour d’un père unique et la haine absolue qu’elle lui voue tout à la fois, incapable, dans son isolement affectif, de discerner le bien du mal.
L’arrivée inopinée d’un étudiant rigolard, cultivé et sensible qui la prend pour une Ninja, sera peut-être le déclic qui permettra à Lisa de se libérer du joug paternel.
D’une écriture souple et adroite, avec une profondeur et une cruauté clinique du propos mais une pudeur constante savamment étudiée, G Tallent ne nous épargne rien de la relation amour-haine du père et de la fille mais il évite avec une dextérité remarquable tous les pièges que ce genre de récit peut comporter. C’est là que réside essentiellement la qualité de son écriture. Mais la puissance de sa narration est telle que le lecteur, meurtri dans son âme, aura plus d’une fois l’envie de se glisser dans ces pages pour abattre le père d’un coup de chevrotine ou , à tout le moins, espérer que la petite aura la force de le faire à sa place.
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Créée
le 3 sept. 2018
Critique lue 308 fois
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