puissant et inoubliable
C'est LE roman américain que j'attendais depuis un moment publié chez mon éditeur préféré. C'est juste énorme, puissant, violent, dérangeant, dur. L'auteur a 31 ans, c'est son premier roman. D'une...
le 23 mars 2018
27 j'aime
Il faut avoir l’estomac sacrément accroché, pour parvenir au terme de My absolute darling, le premier roman écrit par Gabriel Tallent. Sans que le récit ne fasse honneur à son nom de famille, l’écrivain, dont le nombre de ventes a été porté par une presse dithyrambique, et un Stephen King tout aussi enthousiaste, probablement en mal de sensations fortes, ses livres adaptés au cinéma n’ayant pas donné de films qui ne soient médiocres depuis environ quinze ans, sinon plus, a choisi de frapper fort en délivrant au lecteur l’histoire crue et sordide d’une adolescente, Julia / Turtle / Croquette sous l’emprise d’un père abusif, violeur et philosophe de pacotille à ses heures perdues, Martin. Cinq cents pages de tensions fortes et d’évènements répétitifs se succèdent, pour une fin superficiellement jouissive, car elle était la seule possible et envisageable, si l’existence d’une morale objective était avérée. Le style, mauvais, cumule les dialogues agaçants et elliptiques, rendant les personnages peu sympathiques, Turtle comprise, certainement à des fins psychologiques, comme si une victime devait, elle aussi, apparaître ambivalente par pragmatisme anti manichéen.
La complaisance de l’auteur, dont les germes sont déjà présents dans le titre de l’ouvrage s’étend à toute la structure du roman, dans lequel tout est prétexte pour, à, laissant croire à une mécanique bien huilée où défilent en réalité une galerie de personnages clichés, de la professeure faussement concernée, inerte de par son impuissance intégrée, au père congénital, pécore, consanguin, mais qui lit Kant et Hume pour lui donner un tant soit peu d’épaisseur. Seuls les deux adolescents qui apparaissent vers la moitié du livre le rattrapent sans le sauver, tant leur apparition entraîne une bouffée de fraîcheur dans un environnement exagérément nauséabond. Eux aussi sont portés sur la philosophie, Marc-Aurèle en particulier, ce qui en fait d’autres éléments à l’allure de pions inutiles, mais leur gentillesse vient compenser la brochette des protagonistes qui jouent perpétuellement les durs.
De sordide, il est question dans My Absolute Darling, sans interruption, avec un voyeurisme incessant. Dans un écho désagréable, les échanges verbaux, qui tournent en rond, s’opposent aux scènes de pédophilie qui ne s’embêtent pas de scrupules descriptifs. Le résultat est cru, cruel même, réitéré à plusieurs reprises, rendant la lecture pénible tant l’horreur semble gratuite. Certes, il y a les descriptions botaniques et des armes à feu pour introduire de la variation entre les instants insupportables, qui font de Turtle une sorte d’amazone. Des tartines de noms de fleurs, de plantes, d’arbres, de caractéristiques techniques de revolvers, fusils, canons automatiques, et on se croirait presque dans un roman dystopique survivaliste, que viendrait soutenir les discours eschatologiques du père abusif sur la fin du monde. Les recherches effectuées par Gabriel Tallent pour établir une flore aussi complète sont admirables, mais un tri aurait sauvé le récit, perdu à mi-chemin entre l’ennui et la souffrance croissante.
Rarement un livre n’aura offert un soulagement aussi compact entre la fin du récit et celle des pages.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste 2019 : journal de lectures
Créée
le 11 avr. 2019
Critique lue 3.7K fois
15 j'aime
7 commentaires
D'autres avis sur My Absolute Darling
C'est LE roman américain que j'attendais depuis un moment publié chez mon éditeur préféré. C'est juste énorme, puissant, violent, dérangeant, dur. L'auteur a 31 ans, c'est son premier roman. D'une...
le 23 mars 2018
27 j'aime
Dans sa page de Remerciements, Gabriel Tallent rend hommage aux spécialistes qu'il a consultés pour son roman (en botanique, en phénologie, en médecine, en armement également se doute-t-on) et assure...
Par
le 28 déc. 2019
20 j'aime
12
Ma meilleure amie m'a prêté "My absolute darling" en me disant : "Tu verras, c'est dur, mais c'est bien", et son avis semblait alors rejoindre celui de très nombreux lecteurs. Je referme ce roman...
Par
le 7 juin 2020
16 j'aime
9
Du même critique
Le passé est une mode inébranlable. Combien de biopics, de regards sur des temps révolues, de modification de l’Histoire, de « c’était mieux avant » ? Des séries en ont fait leur fond de commerce...
Par
le 2 févr. 2017
69 j'aime
11
Il y a quelque chose de rassurant dans le constat qui est fait qu'en 2015, on peut toujours produire et réaliser des films au scénario original, voir que le public y adhère et que des acteurs connus...
Par
le 13 oct. 2015
68 j'aime
9
J'ai eu du mal à trouver les informations à propos desquelles je rédige un tutoriel rapide, autant les partager au plus grand nombre. En espérant aider quiconque entamant la même démarche que la...
Par
le 13 août 2020
62 j'aime
24