Livre clé dans l'itinéraire philosophique de Barthes, Mythologies décortique les signes qui planent au dessus des choses, des plus banales aux particulières, avec pour projet en en dévoilant les significations profondes de mettre à jour leur essence; désincarnée.
Le bifteck, Minou Drouet, le Tour de France, c'est toute la France des années cinquante qui passe sur la table de dissection. Barthes y isole l'ensemble sémiotique peu à peu déposé sur les choses et qui, à force de dépôt, rend celles-ci plurielles, contextuelles, orienté dans une ou plusieurs directions à la fois. Il existe ainsi une série de signes superposés pour chaque mythe, dans lesquels on entre en ouvrant des tiroirs qui ne donnent que sur leur vertigineuse réciprocité.
A travers les mythes, c'est le langage tout entier qui se dévoile, son poids dans l'idéologie, sa prééminence au quotidien dans un monde sursignifié, mais aussi ce qu'il y a à voir dans l'invisible. Le tout servant in fine une classe dominante qui a fait sienne ce langage et dont les mythes barthesiens renvoient aux "lieux-communs" de Léon Bloy.
Les exemples, pour la plupart datés, ne permettent pas toujours de bien saisir ni la symbolique, ni les récurrences d'une méthode analytique éprouvée. Le livre souffre en cela de sa propre mythologie. Il permet, en revanche, de saisir les tenants et aboutissants de la sémiologie structuraliste.