J’ai suivi avec assiduité l’intégralité de mon cursus scolaire. J’ai même eu mon bac avec mention, c’est pour dire ! Pourtant, je n’ai jamais vraiment entendu parler de Napoléon. Depuis ma 6ème jusqu’à ma terminale, je ne crois pas avoir entendu son nom plus de trois ou quatre fois. Si bien que quelques années plus tôt, j’aurai été bien incapable de situer l’Empire dans la grande Histoire de France.
Mais en réponse à l’inaptitude de l’Education Nationale à fournir aux petits français un socle culturel commun solide, je dispose d’une arme très efficace : la curiosité. Alors, à l’occasion du bicentenaire de sa mort et des multiples polémiques à son sujet, j’ai décidé de savoir qui était l’Empereur.
Autant l’annoncer d’emblée : je ne fus pas déçu. « Quel roman que ma vie » affirmait Napoléon ; ce qui peut sembler être une remarque vaniteuse s’avère être un constat teinté d’euphémisme. Sa vie et son œuvre, c’est plus qu’un roman, c’est une épopée, un chant épique, une iconographie biblique, une fresque mythologique. Napoléon avait une conscience aigue de sa destinée et de sa place dans l’Histoire, et il agissait selon une certaine esthétique, en visant toujours le sublime. Jacques Bainville rejoint Chateaubriand en qualifiant Napoléon de « poète de sa vie » … c’est une description parfaite. La vie de l’Empereur est une œuvre d’art, et lui n’est pas un homme mais un héros immortel.
Il n’est même pas question ici de porter un jugement moral sur Bonaparte : était-il bon, mauvais, méchant ? Cela ne m’intéresse guère. Mais cet homme était surhumain, et son épopée demeure légendaire : elle fascine et porte à l’admiration, par-delà le Bien et le Mal.
Il faut aussi dire un mot sur la biographie de Bainville : cette dernière est tout simplement sublime. Bainville est rigoureux, précis, objectif, mais il réussit magistralement à insuffler dans son récit un souffle épique, grâce à une plume tout simplement magnifique. Il est un historien, mais aussi incontestablement un écrivain, un littérateur de génie.
« Il est le « poète en action » que Chateaubriand reconnaitra et, parce qu’il est un poète qui agit, les grandeurs lui sont naturelles. » (Bainville, en parlant de Napoléon).