Combattre le racisme, encore et toujours

Entrer dans le roman n’est pas facile, car l’auteure en prenant le point de vue d’un enfant induit une certaine confusion entre l’incompréhension légitime de cette petite fille et les considérations plus matures qu’elle veut nous glisser.

Ainsi Scout se détourne parfois de certaines réflexions qu’on souhaiterait approfondir, mais ne réussit pas trop par ailleurs à nous rappeler la tendresse ingénue de la jeunesse si ce n’est à travers les castagnes infantiles.

Son père s’il démontre une noble forme de sagesse (pour un avocat…) n’est pas non plus toujours un monstre de pédagogie (alors que normalement les avocats…).

L’épisode de Mrs Dubose en est un bon exemple : enseigner les vices de la morphine à des enfants est étonnant, on peut saluer la grandeur d’âme de cette vieille femme qui veut s’en libérer avant de disparaître, mais impliquer des enfants dans ce processus est déroutant.

Le double langage de Calpurnia est presque un classique des romans d’initiations : on adapte son élocution en fonction de son environnement.

Reste le plus important : pour le salut de nos âmes, il faut faire pousser des fleurs.

Non, il y a deux éléments à ne pas oublier : on ne parle pas des problèmes de racisme si ce n’est pour n'en parler que depuis l’angle des blancs, hormis Calpurnia, les autres personnages noirs ne sont guère approfondis.

Pire, le roman a des relents de sauveur blanc qui, une fois qu’on l’a à l’esprit, n’arrive plus à nous quitter, autant dire que le roman est d’une condescendance à l’égard des noirs vraiment gênante aujourd’hui.

L’obsession pour la justice des américains est un autre élément qui dérange dans ce roman, car même si elle fait erreur, on a le sentiment qu’elle en sort grandi par l’entremise du héros Atticus Finch.

Reste la question du combat contre le racisme : faut-il encore aujourd’hui des œuvres pour combattre le racisme ? Si le RN/FN n’avait pas de tels scores, on pourrait espérer vivre dans un monde moderne et ne plus en avoir besoin. Peut-on trouver des œuvres plus subtiles pour continuer ce combat ? Certainement.