autonomie et santé
Ivan Illich a aussi écrit une société sans école, énergie et équité et la convivialité. J'aime bien Ivan Illich. Je l'aime bien, non pas parce qu'il proposerait une alternative à notre société...
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le 22 mai 2020
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Ivan Illich a aussi écrit une société sans école, énergie et équité et la convivialité.
J'aime bien Ivan Illich. Je l'aime bien, non pas parce qu'il proposerait une alternative à notre société industrielle mais parce qu'il met le doigt sur des angles morts de notre société. Ces angles morts permettent d'envisager notre rapport au monde de façon différente. Illich n'a pas prétention à vouloir changer le monde. Il respecte trop l'autonomie pour cela.
Parce que ce qui importe à Ivan Illich, ce qui subsume toute sa pensée, c'est une forme de dignité qui s'inscrit dans l'autonomie. la convivialité, c'est préférer un monde où l'homme a encore une maîtrise sur la technique. Illich, c'est un anarchiste qui se défie de l'emprise du système technicien sur nos vies et qui promeut une maîtrise sur nos vies. Autant dire que dans nos sociétés complexes, c'est un projet perdu mais le penser, c'est ne pas tomber peut-être (au moins philosophiquement) dans des travers qui feraient de nous des individus hétéronomes. Car je crois que ce qui circule à travers la pensée d'Illich, c'est la notion de dignité. Comment être un homme digne.
Dans cet ouvrage, Illich fait le procès de la technique médicale qui détourne selon lui l'individu d'une connaissance et qui se voit dépossédé de sa santé au profit d'un système technique qui devient alors totalitaire (et on peut le voir aujourd'hui en cette période de confinement)
Alors, les données sont anciennes (le livre date de 1975) et je pense qu'il serait intéressant de voir aujourd'hui si certaines de ses intuitions sont toujours réelles (la souffrance liée aux greffes, le temps reculé de la mort lors de pathologies lourdes entraînant de lourdes complications).Une analyse qui s'est avérée plus que vraie, c'est la part du PIB consacrée à la médecine aujourd'hui. Mais ce qu'il identifie, c'est l'homme qui devient sous la férule d'un système sanitaire qui rend l'homme dépendant et qui en fait un malade en puissance détournant toute sa psyché.
Il ne renie pas les bienfaits de la médecine en son ensemble mais d'abord fait remarquer que l'espérance de vie a augmenté initialement grâce à l'amélioration de la qualité de vie (alimentation) et à la prophylaxie. La médecine intrusive ne venant qu'en dernier sur une route déjà éclairice.
Un chapitre intéressant sur la manière de dissocier douleur et souffrance. Peut-être à mettre en rapport avec la tetrapharmakon d'Epicure?
Il consacre son avant dernier chapitre à la mort (bien sûr) et s'appuie sur les recherches de Philippe Ariès (lu récemment par -presque- hasard) pour montrer que notre rapport a évolué dans une direction qui ne nous est pas profitable: nous donnons puissance à la médecine de vaincre la mort.
Je suis loin d'être d'accord avec tout (idéalisation des sociétés traditionnelles, société industrielle comme processus iatrogène) mais encore une fois, il met le doigt sur de l'impensé. Et dans une société qui pense de plus en plus à notre place et qui décide pour nous, penser l'autonomie devient de salubrité publique.
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le 22 mai 2020
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