Pour les adeptes d'excès génétiques angoissants...
Michael Crichton est un auteur de romans à succès. La science a souvent occupé une place centrale dans ses romans. Le plus célèbre d’entre eux est « Jurassic Park » qui a servi de support à l’adaptation faite par Steven Spielberg. Je dois vous avouer que ce bouquin est le premier que j’ai lu né de la plume du célèbre écrivain américain. J’étais un grand fan du film et avais voulu découvrir l’œuvre originelle. Je n’avais pas été déçu du voyage. L’intrigue s’était avérée dense et prenante malgré les prérequis que m’offraient ma connaissance de l’œuvre cinématographique. Dans la foulée, j’avais dévoré « Le monde perdu » qui s’inscrit comme la suite du précédent. Une nouvelle fois, le plaisir était au rendez-vous et je me suis donc décidé à m’aventurer dans des zones moins connues de la bibliographie de l’auteur en me plongeant dans « Next ». Datant de 2006, j’ai pu trouver sans mal une édition en poche chez « Pocket » au prix d’environ huit euros. Sur un fond blanc, la couverture présentait une ombre rouge d’un singe recouverte d’un immense code barre. Tout un programme !
La quatrième de couverture nous offre les mots suivants : « Pour John Burnet, atteint d’un cancer, le nouveau traitement du docteur Gross relève du miracle. Pourtant, une chose l’inquiète : Gross multiplie inutilement les prises de sang. Horrifié, John apprend que son médecin a vendu ses cellules BioGen, un laboratoire privé, et qu’il n’en est plus le propriétaire. Plus grave encore, celles de sa fille Alex et de son petit-fils Jamie, qui partagent son patrimoine génétique appartiennent également à BioGen. Pions déshumanisés d’une bataille scientifique qui les dépasse, John, Alex et Jamie deviennent le gibier d’une chasse à l’homme terrifiante. L’enjeu ? Le contrôle pharmaceutique des gènes de l’humanité pour des milliards de dollars. Les victimes potentielles ? Nous tous… »
La thématique m’avait rapidement attiré. L’intégration de la science-fiction dans notre quotidien avait bien marché dans « Jurassic Park ». J’espérais qu’il en soit tout autant dans « Next ».La génétique est un domaine fertile pour ce type d’intrigue. Elle autorise bon nombre de fantasmes et de peurs tout en permettant à ses excès d’apparaitre crédibles pour le lecteur. La bibliographie qui conclue l’ouvrage confirme la richesse et la rigueur du travail de recherche de Michael Crichton lors de la rédaction de son roman. Je n’en doutais pas tant « Jurassic Park » avait nécessité une telle minutie.
Le synopsis présenté par l’éditeur ne nous donne que la partie visible de l’iceberg scénaristique. L’intrigue est loin de se construire autour de cette famille et de ses démêlés éthiques, sanitaires et juridiques avec le grand méchant BioGen. En effet, la trame est comparable à ce que dégage un film choral. Une thématique : la génétique et celle-ci est portée par le quotidien et les événements vécus par une vaste galerie de personnages plus ou moins liés. Finalement, l’aventure vécu par Alex n’est qu’un des nombreux enjeux mis en lumière au cours des cinq cents pages du bouquin. Je ne vous en ferai pas un listing car il serait long et fastidieux. De plus, quel est l’intérêt de vous dévoiler certains pans de l’histoire que vous aurez plaisir à découvrir par vous-même ?
Néanmoins, cette grande densité de protagonistes n’est pas sans défaut. En effet, la narration de disperse sur plusieurs chemins sans jamais dégager une sensation d’unité. Le grand nombre d’intrigues, de situations et de personnages fait que j’ai eu du mal à m’attacher à eux et surtout à m’approprier les tenants et les aboutissants de tout cela. Il se dégage finalement un sentiment de fouillis de la lecture. Cette sensation a tendance à grandir au fur et à mesure des pages qui défilent devant le côté décousu de ce qui nous est conté. Je ne veux pas dire que l’histoire est dénuée d’intérêt. Au contraire, bon nombre d’anecdotes ou d’événements s’avèrent prenante et attisent la curiosité. Hélas, la rupture que marque chaque changement de chapitre fait qu’on ne fait que passer du coq à l’âne. Cela développe davantage la frustration que de l’attention. C’est dommage.
Pour conclure, je suis sorti plutôt déçu de ma lecture. Malgré des qualités indéniables de recherches bibliographiques et de densité de la construction narrative, je ne me suis jamais vraiment immergé dans l’histoire. Je suis resté extérieur aux différentes intrigues. J’étais indifférent aux personnages et ai finalement eu beaucoup de mal à terminer le roman tant l’accumulation d’événements sans réels liens forts ne me passionnaient pas beaucoup. Je ne doute pas que certains lecteurs trouveront leur compte dans ce bouquin. Cela n’a pas été mon cas. Mais je ne m’interdis pas d’offrir une nouvelle chance à l’œuvre de Crichton tant son « Jurassic Park » lui a offert un grand crédit à mes yeux…
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