Le film étant très plaisant, je me suis donc lancé dans la foulée sur le roman. Amélie Nothomb, fantasque, décalée et truculente est à elle seule un personnage de roman. Et avec « Ni d’Eve ni d’Adam » elle se met en mots une nouvelle fois et se remémore un épisode de son périple au Japon, plus intime que « Stupeur et tremblements ». Il s’agit ici de sa rencontre avec Rinri, jeune japonais délicat et généreux à qui elle doit apprendre le français. Et c’est un véritable charme des cultures qui va opérer, avec en toile de fond un empire du soleil levant, presque idéalisé et immatériel. Amélie découvre un Japon avec les yeux de ce jeune homme en opposition à la tradition, au charme fou, doux rêveur et passablement immature, s’opposant de fait à sa velléitaire et entière personnalité. Cette romance d’une incroyable légèreté les portera tous deux au seuil d’un âge adulte, plus morne et moins ludique. Avec son style très enlevé, « Ni d’ve ni d’Adam » se lit d’une traite et vient flatter en nous tout ce qui reste de sentimentalisme (pas dans le sens nunucherie), provoquant émotion, sourires et joie. Cette belle histoire, contée à la première personne, pleine de fantaisie, se teinte toutefois sur la fin et en filigrane d’une gravité qui relève de la nostalgie et le lecteur donne raison à l’auteur, cette express love story se devait de durer…