Lena Dunham, "voix d'une génération", à la fois scénariste, actrice, réalisatrice et productrice de la série Girls - tout ça à 28 ans - nous fait maintenant part de ses mémoires.
Névrosée, souffrant de TOC, accro aux "connards", Dunham c'est la nana type qui vous agace, vous fascine, vous crispe, vous fait mourir de rire - tout ça à la fois - bref, elle ne laisse personne indifférent.
Contrairement à ce que sa structure bien établie peut laisser présager, Not that kind of girl n'est pas un simple guide pour jeunes filles perdues cheveux gras, mais plutôt une collection de souvenirs cocasses (parfois réinventés?) et intimes, ponctués d'un humour décapant et cru. Très vite, ce dernier est rattrapé par un lot de souffrances, de complexes et d'échecs qui se voudraient réconfortants et auxquels l'on pourrait facilement s'identifier, s'ils n'étaient pas décrits avec une franchise déconcertante, à la limite de l'inutile (savoir que l'utérus de Dunham est inversé peut s'avérer rassurant pour celles qui sont concernées, en revanche connaître les détails physiologiques du dit utérus relève de l'information superflue, voire indécente).
Comme tout mémoire qui se respecte, il est bien sûr question de connaître la vie, les pensées de Lena Dunham. Le problème de ce bouquin c'est qu'il reste à l'image de la série de sa créatrice: d'un nombrilisme vomitif. Dunham se regarde, s'admire, se déteste, se met à nu au propre comme au figuré, et en l'occurrence dans ce livre, porte un regard insistant et démesuré sur son entrejambe. L'humour parfois raffiné et absurde arrive à rattraper certaines histoires mais ces dernières restent noyées dans de trop nombreuses digressions et des récits loins d'être passionnants.
Le style de Dunham est pourtant un bon reflet de son talent, plein d'esprit, léger, oral - mais c'est à peu près tout. On a du mal à croire qu'elle ait pu écrire un livre pareil, on a plutôt l'impression ici qu'elle aurait déchiré des pages de son journal - trop - intime qu'elle aurait collées ensemble - et paf, ça fait des chocapics.
Le problème de Lena Dunham c'est que son talent et ses réflexions justes se retrouvent encore une fois gâchés par un humour, qui de prime abord fait rire, oui, mais finit toujours par agacer. Dunham jongle terriblement mal entre fausse pudeur et nombrilisme ahurissant, et ne montre aucune capacité à l'introspection; ce livre n'est en somme qu'un déballage d'anecdotes crues doté de la superficialité d'un chick-lit et du langage trash d'un mauvais porno.
Tout comme la série Girls (notez le pluriel, plutôt ironique quand on sait combien plus on avance au fil des saisons, plus elle ne tourne qu'autour d'Hannah), ce livre pourtant adressé aux filles pour leur raconter "ce qu'elle a appris", n'est en fait qu'un énième ego trip de la part de Dunham.
Enfin, cerise sur le gâteau, les petites illustrations dignes d'un emballage de serviette hygiénique qui viennent décorer ce livre dont elle aurait pu largement se passer.