Fabuleux, sordide, poétique, pervers, drôle et triste à la fois. Genet nous raconte sa prison, comment il s'en échappe surtout. Il nous raconte ses nuits passées à inventer, rêver, vivre les vies de ses personnages sortis de son esprit, des journaux ou d'une part de sa vie. Caricatures plus vraies que natures dans un monde trop brutal pour être inventé. On découvre et suit les personnages au gré des lubies, des idées de l'auteur-narrateur qui passe parfois du coq à l'âne. Et au début, l'on ne sait pas où l'on va.
Puis, alors que l'on s'habitue au style aussi cru que décousu, que l'on s'en détache, que l'on parvient à en faire abstraction, l’œuvre poétique ressort. Alors on cherche ce poète prisonnier, on trouve la poésie dans l'attitude de Divine ou de Notre-Dame des Fleurs, le sordide devient normal et le normal devient beau.
Au fond du cœur de tous les « hommes » se joue une tragédie de cinq secondes en vers. Conflits, cris, poignards ou prison qui dénoue, l'homme délivré vient d'être le témoin et la matière d'une œuvre poétique. J'ai longtemps cru que l’œuvre poétique proposait des conflits : elle les annule.
A ne pas mettre entre toutes les mains, car il est facile de ne voir que le cru et le vulgaire et de passer à côté du reste, je le recommande aux curieux qui ne seront pas rebutés par cet aspect.