Précurseur d'Orwell et d'Huxley, Zamiatine nous livre dans son ouvrage "Nous autres" une contre-utopie effrayante et malheureusement annonciatrice du sort de la Russie.
Dans un monde appelé « État Unique », où les êtres vivants ne sont plus que des numéros dont les moindres faits et gestes sont régis par « La Tables des Heures »: comment être heureux? C'est cependant ce que prétend offrir cet État unique! Dans le but de propager la bonne parole, « Le Bienfaiteur » ordonne la construction d'un vaisseau spatial afin de rallier les « sauvages » à sa cause. Notre héros « D-503 », l'ingénieur chargé de la construction de ce vaisseau « L’intégral », adhère à la moindre des paroles du parti, obéi à chacune des règles instaurées jusqu'au moment où il tombe amoureux d'une femme, qui elle, est une résistante prônant le retour aux libertés individuelles et compte bien faire échouer les projets liés à « L’intégral »
Les personnages sont déshumanisés à tel point qu'ils ne ressentent plus aucun sentiment. Ils vivent dans des maisons de verre, transparentes, ne laissant aucune place à l'intimité. La procréation est soumise à des règles très strictes, il faut obtenir des permissions. Adieu personnalité, adieu vie privée, adieu spontanéité, ADIEU LIBERTÉ! Les humains deviennent robots qui se complaisent dans leurs vies réglées comme du papier à musique, aveuglés par les promesses du Bienfaiteur. On a volé leurs existences, extrait ce qu'il restait d'humain et de sentiments en eux.. Et ce, par tous les moyens! (ndlr: fin du livre où D-503 a oublié l'existence de son amante de par l'intervention d'une machine qui déshumanise)
C'est terrorisant de penser que cet homme, Zamiatine, n'était que trop conscient (et ce, dès 1920!) du mauvais tournant que prenaient les choses dans son pays, de ce régime totalitaire qui s'instaurait doucement. Suite à la lecture de ce livre, une question me tourmente: si Zamiatine a pu pressentir ce qui allait se passer, pourquoi le peuple n'y est pas parvenu? Aurait-il été possible d'éviter tout cela?
Ce livre quasi prémonitoire est, à mes yeux, un classique de la littérature russe et une des meilleures dystopies, à ne pas louper.