Un livre assez étrange qui épouse le point de vue des personnages, disons les héritiers d'une vieille famille américaine dont la décrépitude épouse celle de leur demeure. Difficile de parler du roman sans "spoiler", étant donné que c'est surtout une atmosphère, donc toi qui tombe par hasard sur cet avis, libre à toi de t'arrêter immédiatement, te voilà prévenu.
Le fait de prendre la petite Merrycat comme narratrice, persuadée elle-même qu'elle est une sorcière, est un parti pris qui donnera le ton à l'ensemble. Son côté fantastique, puisque Merrycat est persuadée que ses charmes fonctionnent et trouve toujours des excuses aux intrusions du réel. Et puis bien sûr, Merrycat n'étant qu'une enfant, isolée de surcroît, on découvre les choses à travers le prisme de son regard décalé. Ce qui aurait été une histoire banale se charge ainsi de mystères. Et son côté paranoïaque. On sait la propension des enfants à inventer d'étranges histoires et à y croire jusqu'à n'en plus pouvoir démordre. Dans sa solitude, ce trait est tellement renforcé chez Merrycat que la réalité devient presque complètement occultée.
La structure du récit rappelle celle de Chut...chut chère Charlotte ou de Qu'est-il arrivé à baby Jane, des histoires qui, en film comme en livres, sont également sorties au début des années 1960. De là à y voir une allusion au récent MacCarthysme, il n'y a qu'un pas.