À l'approche des élections présidentielles et en pleine campagne des candidat•e•s qui ne savent que nous parler d'immigration et de sécurité du pays, alors que le réchauffement climatique est de pire en pire et que des gens fuient leur pays en guerre, quoi de mieux que de lire un plaidoyer pour l'abstention ?
L'auteur vient contrer tous les arguments des pro-votes qui sont battus et rebattus sur les abstentionnistes à chaque élection à venir. Le tout, appuyé de chiffres et de (res)sources nécessaires.
Pour autant, je n'ai pas pris le livre comme une flagellation des personnes qui votent (peut-être parce que, de base, je ne suis pas convaincue du tout de l'utilité du vote), et je ne pense vraiment pas que ce soit l'objectif de Francis Dupuis-Déri. On y trouve plutôt une argumentation sourcée et des arguments appuyés d'exemples pour prouver l'inutilité du vote dans nos systèmes actuels. Un système où :
- Aucun•e candidat•e ne nous plaît vraiment et où il nous faut donc voter par dépit plutôt que pour quelqu'un•e avec qui nous sommes d'accord.
- Il faut voter "contre" un parti plutôt que "pour" un parti, il faut faire barrage (cf le deuxième tour des présidentielles en 2017 avec Macron contre Le Pen).
- Les gros partis ont de l'argent et passent bien plus dans les médias, ce qui ne garantit évidemment pas un pluralisme politique digne de ce nom.
- Les riches votent pour garder leurs privilèges et pas pour réduire les inégalités.
- Les fraudes électorales vont bons trains (financement illégal des partis, utilisation de données personnelles pour manipuler l'électorat, manipulations diverses), etc...
L'auteur montre aussi comment, dès petits, le système nous incite à l'électoralisme, notamment à l'école par le biais des cours d'éducation civique et par les élections en classe des délégué•e•s qui n'auront finalement que peu, voire aucune influence sur les grandes décisions de l'école (ou du collège ou du lycée) qui les concernent directement. Pourtant, il est imaginable de mettre en place des alternatives, dès lors que l'on prend la décision et l'engagement de le faire. Quoi de plus logique que de faire discuter entre elleux les élèves sur les problèmes quotidiens auxquels iels doivent faire face, dans un lieu où iels passent 7h à 8h par jour ?
Des alternatives sont possibles plutôt que ce système qui nous fait croire que nous ne pouvons en sortir. Vive les assemblées populaire, l'activisme et le bénévolat, l'engagement à un niveau plus local. Ma conclusion en serait donc que la question de voter ou ne pas voter prend une place énorme dans les débats et les discussions, alors que les réels changement ne se font PAS par ce biais-là. Vote ou ne vote pas, mais organise-toi.