Amoureux de ses personnages, Robert Jordan l’était assurément ; ceci expliquant sans doute les nombreuses digressions émaillant le (trop) long récit de son cycle mythique de la Roue du Temps.
Probablement frustré de n’avoir jamais pu aborder en détail le récit de la rencontre entre Moiraine Damodred et Lan Mandragoran dans les tomes canoniques, il a décidé d’en faire un roman à part. Bien qu’il s’agisse d’une préquelle, il est rigoureusement défendu d’entamer la lecture du cycle de LRdT par ce roman, sous peine de se gâcher la lecture des deux premiers tomes de celui-ci. Si aucun secret capital n’est révélé, ce roman propose d’approfondir la personnalité des deux personnages suscités, leurs origines et activités pré-LRdT, ainsi que d’un autre personnage important : Siuan Sanche.
C’est d’ailleurs tout le problème : ce roman est une simple sucrerie pour le fan qui attend la traduction d’un tome canonique. Il n’apporte aucune révélation capitale aux connaisseurs et est formellement déconseillé aux nouveaux venus. Le cul entre deux chaises, Jordan réussit tout de même à rendre l’aventure captivante en ne s’éternisant pas. La découverte du fonctionnement de l’ordre des Aes Sedai, au sein de Tar Valon, leur place forte, constitue l’intérêt principal du livre.
La seconde moitié du roman est en revanche beaucoup plus dispensable, en ce sens que les évènements narrés n’apportent plus réellement de révélations. Pire, le final semble expédié quand, d’habitude avec l’auteur, il est particulièrement soigné.
Il est d’ailleurs questionnant de voir certains arcs narratifs gâchés voire oubliés lors de la confrontation finale (où est passée Siuan ? Quitte à narrer la rencontre entre l’Aes Sedai et son futur Champion, pourquoi ne pas avoir détailler le rituel l’ayant lié à elle ?).
En dépit de quelques épisodes croustillants, l’impression finale reste d’être passé à côté de l’essentiel…
Loin d’être une lecture désagréable, Nouveau Printemps n’est clairement pas un immanquable. Pour tout lecteur curieux d’en apprendre plus sur Lan et surtout Moiraine, il paraît judicieux de lire cet opus après le tome 2.