La vie du narrateur lui échappe : son couple bat de l’aile, ses enfants l’épuisent, son travail est ingérable et il est de plus souvent sujet à de terribles crises d’angoisse qui le laissent vide et sans force. Il a soudain l’idée d’emmener les siens à Lanzarote pendant les vacances de fin d’année. Le jour de l’An, au cours d’une ascension solitaire en vélo entamée pour échapper à la morosité familiale, il croit reconnaître des lieux connus dans son enfance : le passé lui remonte brutalement à la figure, faisant resurgir de vieux évènements traumatisants refoulés au plus profond de sa mémoire.
Le récit commence doucement, autour du mal être du personnage principal qui, malgré toute sa bonne volonté, ne parvient pas à gérer son existence. Lorsque son passé se rappelle violemment à lui, le rythme s’emballe soudain, et le lecteur se retrouve aspiré aux côtés du narrateur, dans une tension horrifiée qui ne se relâchera plus avant le dénouement inattendu, aux nouvelles perspectives inextricables.
Le cadre si particulier de Lanzarote éclaire de ses contrastes en noir et blanc un huis-clos d’autant plus angoissant qu’il enferme dans son drame deux très jeunes enfants. Tandis que le lecteur tremble et s’étonne, il comprend peu à peu les raisons qui empêchent encore aujourd’hui le principal protagoniste de vivre normalement : une prise de conscience qu’il imagine semblable dans la tête du narrateur, et pourtant…
Construit sur les terribles conséquences du silence et du déni autour d’un implacable fait divers, ce roman fait doublement froid dans le dos : l’on y frémit des épreuves traversées par les deux enfants, mais aussi de leurs souffrances à l’âge adulte. Ce roman est une excellente surprise, qui se dévore en une soirée et continue de vous hanter bien après sa dernière page.
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