Note: j'ai en fait lu un recueil en anglais que je ne trouve pas sur senscritique, alors j'ai pris un recueil de nouvelles un peu au pif. Liste complète des nouvelles lues en fin de critique.
Le recueil que j'ai lu était composé de quasiment toutes les nouvelles écrites par Tchekhov entre 1896 et 1904. A l'époque, il n'écrit plus beaucoup dans ce format, occupé à écrire du théâtre et à faire paraître des recueils de ses précédents écrits. Il est également de plus en plus affecté par une sorte de tuberculose (dont il mourra en 1904, justement). Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ses pensées sont souvent très sombres.
Pourtant, l'amour est un thème très commun dans ces nouvelles. Mais souvent un amour impossible; et même s'il est initialement possible, un amour détruit par des événements extérieurs aux protagonistes. Il est contrarié, extra-marital, non-récirpoque... Il plonge les héros dans des affres impensables !
Tchekhov centre aussi très souvent ses histoires autour des différences qu'il observe entre villes et campagnes, surtout dans leurs occupants respectifs : éducation contre ignorance, altruisme contre égoisme, charité contre cupidité. Les paysans sont souvent peints sous des traits horribles, des êtres à peine humains, tout juste bons à détruire les vies d'honnêtes gens venus vivre à la campagne. Pensées sombres, donc, d'un Chekhov qui ne mâche pas ses mots non plus envers les petits dignitaires de province, ces derniers faisant preuve de plus de cruauté qu'un enfant accroupi devant une fourmillière avec une loupe à la main.
Enfin, dernier point qui m'a vraiment marqué : on est encore au moins une douzaine d'année avant la révolution bolchévique, mais les prémices du communisme sont déjà bien présentes dans la société russe présentée par Tchekhov. Il est souvent question de glorification du travail et de haine de l'oisiveté, certains personnages (dans plusieurs nouvelles) tenant des discours égalitaires sans équivoques. Le retour à la terre, mère nourricière, est également archi-présent.
Au passage, en lisant les notes de l'édition lue, il a été marrant pour moi d'observer que Tchekhov a eu affaire à la censure pour ses propos reflétant la Russie pré-révolutionnaire. Censure donc déjà bien présente en Russie à l'époque du tsar, bien que souvent plutôt associée au communisme qui l'a suivie.
Rien à dire sur les traductions anglaises, agréables. J'ai mis beaucoup de temps à lire le recueil en revanche... Peut-être à lire en plusieurs fois, une nouvelle par-ci par-là.
Nouvelles lues:
- La maison à Mezzanine
- Les Moujiks
- L'Homme a l'étui
- Les groseilliers
- De l'amour
- Chez des amis
- Ionytch
- Ma vie
- La dame au petit chien
- Dans la combe
- L'évêque
- La fiancée