Omertà, premier roman de Clara Lamarca, auteur très prometteuse, est une très bonne surprise. Je suis forcée d’admettre que, pour le premier bouquin d’une jeune écrivaine, je ne m’attendais pas à quelque chose de fou. Et bien je me rends compte que j’ai eu tort, et je m’incline devant Clara Lamarca qui démarre sa carrière sur les chapeaux de roue.
Omertà est très réussi. Tout d’abord, et la chose qui m’a marquée en premier, c’est qu’il est très accrocheur. Une fois qu’on l’a commencé, impossible de le lâcher : on s’attache trop aux personnages pour ça, et on a cruellement envie de savoir ce qui va leur arriver. À ça s’ajoute le fait qu’on le lit assez vite, et agréablement surtout, grâce à l’absence de longueurs et de « séquences » inutiles. On a donc affaire à une intrigue efficace, se concentrant d’abord sur le harcèlement de Sara, jeune lycéenne victime des moqueries de ses camarades. Cette même histoire est racontée de deux points de vue différents : celui de Sam, et celui de Sara. Les deux protagonistes sont étroitement liés, tout dans le roman nous l'indique. Par exemple, les chapitres alternent les visions de Sara, puis de Sam, et encore de Sara, tel un rythme binaire qui montrerait que leur relation est véritablement fusionnelle. On s’attache très vite à eux, ils ne sont pas caricaturaux ni prévisibles. Sam par exemple, d’abord décrit comme le mec parfait, beau et intelligent, se révèle être lâche et on comprend que les protagonistes d’Omertà sont complexes.
Plus tard, la romance entre les deux lycéens prendra le dessus, mais il restera toujours une ombre qui plane au-dessus de leur bonheur : celle du harcèlement scolaire, une vérité qu’on ne peut ignorer de nos jours. Sam se retrouve plongé dans cet enfer lorsqu’il choisit d’y suivre Sara, et le choix qu’il fait à ce moment est non seulement difficile, mais également porteur d’une symbolique forte. L’attirance entre Sam et Sara est très bien retranscrite, et on navigue en plein amour naissant, celui de l’adolescence, qui personnellement ne peut que me toucher vu mon âge. Cette période de la vie, le passage de l’enfance à l’âge adulte, est je pense l’une des plus mystérieuses, complexes et difficiles à dépeindre. Omertà y parvient assez bien, quoiqu’il ait quelque chose de particulier. Le monde qu’on décrit semble, par son atmosphère, n’appartenir qu’à une seule réalité : celle de l’auteur. Je trouve que c’est une bonne chose car on est immergés dans cet univers, on se sentirait presque voyeurs tant le roman est personnel.
Car c’est là le fait le plus marqué dans Omertà : il est on ne peut plus personnel. On a même l’impression que l’auteur nous raconte des faits qu’elle a vécue, c’est là un tour de force de la part de Lamarca. Même dans son style efficace, elle nous rapproche encore un peu plus de l’action. Puis vient la conclusion : je n’en dirai pas trop de peur de spoiler, simplement je l’ai trouvée osée et forte, le roman n’aurait pas pu avoir de meilleure chute. Il ne nous fait pas de cadeau, et on est surpris, attristés, presque dévastés, mais en même temps l’espoir qui nait est d’autant plus beau.
Omertà est un bijou d’émotions : les sentiments qu’il transmet son fort, à l’instar des messages qu’il véhicule. C’est un roman très engagé, mais surtout très personnel, et cet aspect m’a séduite. De plus, il m’a franchement touchée, tandis que sa chute audacieuse m’a carrément bouleversée. Il en faut du courage, pour écrire un livre et pour aller jusqu’au bout dans cette entreprise. Le chemin est sans aucun doute semé d’embûches, et je voudrais féliciter Clara pour l’avoir parcouru. Avec Omertà, elle fait une arrivée retentissante dans le monde de la littérature : elle ira loin, sans aucun doute, et on lui apporte tout notre soutien pour sa réussite. Bravo à elle !