Bussi, Musso, du pareil au même.
Je venais de finir un super livre. Bien écrit, une énigme bien ficelée, des personnages réalistes, des dialogues qui sonnent vrai. Portée par cet élan de finir tous mes livres non lus de ma...
le 7 mai 2019
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Dans ce nouveau volume, Michel BUSSI se penche sur le sort des migrants. Sujet sensible et actuel s’il en est !
Actuel ? Vraiment ?
C'est un phénomène probablement aussi ancien que l’humanité. Les données archéologiques indiquent que l’Homme est apparu en Afrique. La présence d'humains dans tous les endroits de la planète résulte donc de mouvements de population. A l’origine, le nomadisme était nécessaire pour assurer sa subsistance : les groupes devaient régulièrement changer de lieu de résidence lorsque les ressources naturelles devenaient rares. Des déplacements réguliers sur quelques centaines de générations pourraient expliquer le peuplement de l'ensemble de l'Eurasie à partir de l'Afrique.
Les flux migratoires sont classés selon leurs mobiles :
« Les migrations sont souvent qualifiées d'économiques ou de politiques. Elles peuvent être dues à une quête d'identité absolue, à un déracinement profond, à un mal de vivre, causes classées sous le thème d'exil volontaire. Par opposition, la migration involontaire peut être due à une situation de guerre (les gens fuyant leur propre pays) ou encore, à une situation économique précaire, de famine ou d'influence politique. »
Mais depuis un siècle, les démocraties voudraient contrôler et limiter ces migrations : « Avant 1914, la terre avait appartenu à tous les hommes. Chacun allait où il voulait et y demeurait aussi longtemps qu’il lui plaisait. […] l’humanité avait toujours vécu sans passeport. Les hommes n’avaient inventé ce morceau de papier qu’à l’occasion de la Première Guerre mondiale, en s’engageant à le supprimer sitôt la paix revenue. […] La libre circulation des hommes sur la terre, ce droit fondamental, historique, millénaire, n’était devenue qu’il y a à peine cinquante ans une utopie à laquelle même les plus idéalistes ne croyaient plus. […] Les démocraties, désormais, construisaient des murs. Une véritable contagion depuis le 11 septembre 2001. Des murs non pas pour se barricader, mais pour filtrer. Pour trier, pour passer les hommes au tamis des désirés et des indésirables. »
Or, plus une frontière est protégée, difficile à franchir, et plus elle suscite de convoitises. « La frontière la plus militarisée, la plus coûteuse, la plus meurtrière, celle entre les Etats-Unis et le Mexique laisse pourtant passer des dizaines de millions de véhicules, chaque année, entre Tijuana et San Diego ». A l’opposé, « depuis la création de l’espace Schengen, plus les gens sont libres de circuler et moins ils s’installent ailleurs ». A Berlin : « les fous qui étaient morts pour passer le mur, de l’Est à l’Ouest, étaient devenus des héros, des résistants, des martyrs ! Ceux qui tentaient aujourd’hui de franchir la frontière, du Sud au Nord, attirés par le même occident, par les mêmes démocraties, étaient au mieux des hors-la-loi, au pire des terroristes ».
Dans son livre, Michel Bussi met en scène un commandant de police qui explique à son lieutenant la limpidité de la situation : « Attention, je te parle des migrants, là, pas des réfugiés. – C’est quoi la différence, patron ? […] – Rien de plus simple, gamin ! Les réfugiés sont les gentils, ils fuient leur pays, on doit avoir pitié d’eux, on a le devoir de les accueillir, la France est une terre d’asile ! Les migrants, eux, sont les méchants, ils veulent nous envahir, ils sont seulement pauvres, mais des pauvres, on en a déjà assez chez nous. Tu comprends ? – Donc on laisse entrer les réfugiés mais pas les migrants ? – Tut tut tut, pas si vite mon garçon. Le devoir de la France est d’accueillir les réfugiés, mais la consigne est de ne pas les laisser entrer ! Du moins ceux qui n’ont pas de papiers. […] Mais une fois qu’ils ont posé un pied chez nous, jackpot, ils sont sauvés. – On ne peut plus les renvoyer chez eux ? – En théorie. Mais ça dépend de leur pays. On les renvoie seulement s’ils viennent d’un POS, un pays d’origine sûr, c’est-à-dire qui ne les torturera pas quand ils descendront de l’avion. – Si je comprends bien, on ne renverra aucun Soudanais tant qu’il y a la guerre là-bas, mais on renverra tous les Béninois ? – Tu as tout compris ! […] Et ne viens pas me demander pourquoi on a le devoir d’accueillir un gars qui crève de peur chez lui et pas un gars qui crève de faim. »
On la trouvait plutôt jolie, Leyli, l’héroïne centrale du roman. Une pétulante béninoise, mère de trois enfants, qui n’a qu’un but dans la vie : offrir à ses enfants, en France, un destin meilleur que le sien.
Mais comment s’y prendre pour « passer » en France ?
Mais comment s’y prendre pour venir en France avec trois enfants ?
Mais comment s’y prendre pour faire venir ses enfants, en France, une fois qu’on a réussi à PASSER ?
Il faut régulariser sa situation ? Elle connaissait ses droits, Leyli : « La condition pour être régularisée était simple […] : Trois ans de présence en France, pouvoir justifier de 24 mois de travail, dont 8 consécutifs sur les 12 derniers mois. Il fallait que je tienne trois ans. Trois ans sans me faire prendre. Trois ans tout en travaillant, en payant des impôts, en justifiant un loyer. […] Les sans-papiers, en réalité, les collectionnent, les additionnent. Comme des points de fidélité. » Quelle excellente main d’œuvre, bon marché, silencieuse, efficace et soumise. Il faut tenir trois ans en acceptant TOUT !
Quant au regroupement familial, je vous laisse découvrir les subtilités administratives… bien de chez-nous !
Comme vous avez pu le constater, je ne vous ai rien dit de l’intrigue… ne comptez pas sur moi !
Le sujet ? L’immigration et toutes les ignominies qui tournent autour
L’action ? Vengeance, règlements de compte… on ne dénombre pas les morts, de part et d’autre de la Méditerranée et dans la Méditerranée.
Ambiance ? Suspense, Super-suspense, rebondissements…
Style ? (Voir plus haut) Vif, alerte, agréable, humoristique…
Un défaut ? Oui, quand on pense que le livre est fini…il ne finit pas de finir…
Appréciation ? Après « Entre deux mondes » d’Olivier NOREK, J’ai beaucoup aimé, également, cette autre façon d’aborder le très grave problème des migrants. Leyli est un prétexte pour dénoncer une situation. Malheureusement je soupçonne l’existence de milliers de Leyli !
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Créée
le 22 janv. 2018
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