Oncle Vania
7.8
Oncle Vania

livre de Anton Tchékhov (1897)

"Quand la vie réelle nous échappe, on vit des mirages. C'est tout de même mieux que rien."

Je ne sais plus très bien qui tenait à peu près ce langage : "Le thème de l'oncle Vania, c'est le thème des "petits de ce monde" dont la vie est sacrifiée au bonheur d'autrui, à un bonheur indigne, à un but faux, à un faux-dieu, c'est le thème d'une beauté qui se perd inutilement, détruite par la mauvaise force qui exterminait tout ce qu'il y avait de beau sur terre." ; Mais il me semble que l'on n'aurait pas pu mieux résumer une telle pièce.


J'ai toujours pensé qu'on décelait un grand écrivain à sa vision de la banalité. Si j'ai raison alors Tchékhov se place haut parmi les dramaturges. Son théâtre n'est fait que de Monsieur et Madame tout le monde, de scènes de la vie quotidienne, de petits riens ... Et pourtant, quand on y entre, on ne peut qu'avoir cette impression de tomber dans un puit sans fond, où 100 lectures ne suffiraient pas à tout sonder.


Les pièces de Tchékhov sont des mondes à eux-seuls où quelques thèmes reviennent inlassablement. La beauté en premier lieu. Celle unanime qui détruit tout qui n'est visible que par les yeux et paralyse le reste des sens ; qui empêche la contemplation de l'autre beauté, celle pourtant créatrice, celle de l'âme. Le parallélisme des personnages semblent aussi une récurrence chez Tchékhov. Celui de Helena et de Sonia, évidemment mais surtout celui de l'oncle et du médecin. A la fois éclairés et aveuglés sur leurs situations, l'un est désespéré, l'autre irrité. L'un en colère, l'autre indifférent.


Difficile de dire quel est le personnage principal de la pièce. Le titre pourrait être éponyme. Beaucoup pourrait pencher malgré tout sur le docteur. Si j'en ai le droit, mon idée est que le vrai personnage principal est celle qui a le dernier mot, la plus sage, . Celle qui est la vrai beauté du livre, qui a pour oncle Vania, la petite Sonia.

Jojolapino
8
Écrit par

Créée

le 6 mars 2020

Critique lue 365 fois

3 j'aime

Jojolapino

Écrit par

Critique lue 365 fois

3

D'autres avis sur Oncle Vania

Oncle Vania
JuLa
8

Critique de Oncle Vania

Oncle Vania se dinstingue selon moi, des autres œuvres écrites par le maître du théâtre, Tchekhov. Abordant des thèmes universaux et intemporels qui restent caractéristiques de ses œuvres, Tchekhov...

le 10 juil. 2011

6 j'aime

Oncle Vania
LIgnoranceEtLaMisere
10

Du danger de noyer sa déprime dans la vodka

« J’ai vu ces jours-ci Oncle Vania – j’ai vu et j’ai pleuré comme une bonne femme […] : c’était comme si on me sciait en deux avec une vieille scie. Les dents vous coupent directement le cœur, et le...

le 14 juin 2016

4 j'aime

Oncle Vania
Jojolapino
8

"Quand la vie réelle nous échappe, on vit des mirages. C'est tout de même mieux que rien."

Je ne sais plus très bien qui tenait à peu près ce langage : "Le thème de l'oncle Vania, c'est le thème des "petits de ce monde" dont la vie est sacrifiée au bonheur d'autrui, à un bonheur indigne, à...

le 6 mars 2020

3 j'aime

Du même critique

Requiem · Poème sans héros
Jojolapino
8

Critique de Requiem · Poème sans héros par Jojolapino

Il y a une presque éternité que cet ami me rassurait sur ce quai de gare en m’affirmant qu’il était normal que je ne parvienne pas à déterminer pourquoi telle poésie me plaisait et telle autre...

le 7 août 2020

6 j'aime

1

La Montagne magique
Jojolapino
7

Critique de La Montagne magique par Jojolapino

Nous voilà reconfinés comme en l’an 20. Me revoilà en bonne parisienne qui se respecte dans le sud de la France, ayant l’irrespect, l’égoïsme, la malveillance de fuir un 13m2 dont l’humidité ne fait...

le 7 nov. 2020

6 j'aime

4

Eugène Onéguine
Jojolapino
9

Critique de Eugène Onéguine par Jojolapino

Par une fulgurance, l’envie de lire Eugène Onéguine m’est venu. C’était maintenant, c’était tout de suite et ça ne pouvait plus attendre. Pourquoi à mes 22 ans et 6 mois de vie, il ne me semblait...

le 20 avr. 2020

5 j'aime