Une incursion post-exotique particulièrement réussie !
Troisième incursion volodinienne de cette rentrée, nous avons ici le dévoiement d'une tragédie : prisonniers d'un vieil entrepôt en flammes, un groupe d'adolescents, membres d'une étrange organisation de résistance, vivent leurs derniers instants en se remémorant des épisodes de leur jeunesse, et tout particulièrement les contes de la Mémé Holgolde, avant de muter eux-mêmes en créatures mythiques issues de ces histoires... Encore plus déroutante en apparence qu' "Ecrivains" ou "Les aigles puent", une incursion post-exotique particulièrement réussie !
"Il faut dire aussi que, déjà à l'époque, les autorités nous considéraient comme des vestiges inoffensifs, des surgissements absurdes du passé, fossilisés, naphtalinés et ridicules, et qu'elles nous accordaient le droit à manifester afin de canaliser nos amertumes et également, je pense, afin d'actualiser leurs fichiers des amis de la subversion, et d'évaluer pratiquement l'état de nos forces."
"Prenons par exemple les narrations fantastiques que la Mémé Holgolde inventait pour nous quand elle n'était pas occupée à gérer notre clandestinité ou à planifier les tempêtes insurrectionnelles qui devaient rétablir, en quelques flambées de jours et de nuits, les choses sur terre. La Mémé Holgolde aimait rire, elle aimait l'humour du désastre, et toutes ses histoires n'étaient pas aussi lugubres que nos paysages ordinaires, mais bon nombre d'entre elles l'étaient. Je pense à celles qui mettaient en scène nos héroïnes préférées, l'éléphante Martha Ashkarot ou Igriyana Gogshog, la vieille tueuse vagabonde, ou encore Bobby Potemkine, le loser mélancolique. Je n'oublie pas non plus les récits dans lesquels apparaissaient ces oiseaux semi-humains que la Mémé Holgolde appelait les cormorans étranges, et qui savaient vivre dans les flammes, dans la clandestinité et dans la mort."