"Oona et Salonger" entre dans la catégorie anglo-saxonne "non fiction novel", ou encore "faction" (néologisme contracté de "fact" et "fiction"), c'est à dire que l'auteur part de bases bien réelles, puis bouche les trous pour raconter une histoire romancée.
Beigbeder relate donc avec sa propre imagination l'amourette vécue par Oona O'Neill, it girl des années 40, fille d'un prix Nobel de littérature (Eugene O'Neill), et J D Salinger, jeune apprenti écrivain qui va partir à la guerre.
Cela débute comme une chronique mondaine, où l'on croise Truman Capote et Gloria Vanderbilt, pour dériver vers une description des horreurs de la seconde guerre mondiale, dont Salinger reviendra à jamais traumatisé, au point de passer le reste de sa vie en ermite.
S'il signera plusieurs dizaines de nouvelles, cette homme brisé ne laissera à la postérité qu'un seul et unique roman ("L'attrape-cœurs"), pendant que Miss O'Neill épousera l'illustre Charlie Chaplin et lui donnera huit enfants (Geraldine est leur fille, et Oona de "Game of Thrones" leur petite fille).
Ce récit de deux vies parallèles n'est certes pas révolutionnaire, mais le livre sera parvenu à m'intéresser du début à la fin, grâce entre autre au style léger et singulier de Beigbeder, qui multiplie les apartés avec le lecteur et les traits d'humour.
En revanche, celui-ci devient pénible lorsqu'il s'efforce de bâtir un parallèle avec sa propre situation, et notamment sa jeune épouse de 25 ans sa cadette, confirmant ainsi sa réputation d'auteur égocentré et mégalo.
Un livre à déconseiller à ceux qui sont déjà allergiques à Beigbeder, donc, mais les autres seront sans doute fascinés par cette plongée au cœur du XXème siècle, qui éclaire judicieusement certains aspects du monde contemporain.