Je vais commencer par une réflexion générale, mais qui se confirme à chaque nouvelle lecture d'un grand classique : quel plaisir que de s'y plonger volontairement, sans y être poussée par un cours quelconque qui a pour but d'analyser à fond chaque micro détail au point de rendre l'ouvrage indigeste et de vous dégoûter de ce genre de lecture pendant des années (voire à vie pour ceux qui n'osent pas retenter l'expérience).
Comme vous pouvez donc l'imaginer, j'ai passé un moment très agréable avec Orgueil et Préjugés et je dois avouer que c'est pour moi un roman qui a très bien vieilli. Je veux dire par là que nous avons suffisamment d'éléments pour comprendre la façon de vivre au quotidien des Bennet, une famille de la campagne anglaise, dont les moyens financiers sont assez limités. Nous arrivons donc sans problème nous appréhender la vie anglaise au XVIIIe siècle. Pas besoin donc d'avoir des connaissances approfondies sur l'époque où la région avant d'ouvrir le livre, ce qui est très plaisant.
Nous allons donc suivre tout au long de l'ouvrage Mrs et Mr Bennet ainsi que leur cinq filles. À cette époque où le mariage semble être la seule manière de prodiguer les moyens financiers nécessaires au futur d'une famille déjà modeste qui ne compte pas un seul héritier mâle dans sa descendance, les histoires de cœur des cinq jeunes femmes sont supervisées de près par Mrs Bennet, qui n'hésitera pas à se montrer créative et astucieuse pour pousser l'une ou l'autre de ses filles dans les bras d'un bon parti.
Les cinq filles Bennet ont chacune un caractère assez distinct, présentant plus ou moins une belle ébauche des différentes façons de tomber amoureuse, de considérer l'amour et d'appréhender son futur en temps que femme mariée. Celle qui aura le plus attiré mon attention est Elizabeth, comme beaucoup j'imagine, notamment puisque c'est elle qui est au centre de l'histoire, mais aussi parce qu'elle a une forte personnalité et n'hésite pas à affirmer ses positions, qui ne sont pas vraiment celles des femmes de son époque. Elle est courageuse, déterminée et ne se laisse pas marcher sur les pieds, le tout sur un ton parfois ironique et fortement appréciable, tout en n'hésitant pas à se montrer attentive et à se remettre en question au besoin. En somme, une femme intelligente et admirable.
À la fin du roman, trois des sœurs auront trouvé un mari, de milieux sociaux différents et dans des situations bien variées. Afin de rendre grâce au titre, on se rend vite compte que l'orgueil comme les préjugés forment une part importante de l'histoire, surtout lorsqu'il s'agit d'histoire de cœur. Grâce à l'écriture élégante, juste et teintée d'une pointe d'ironie, on arrive sans problème suivre les protagonistes dans leur quotidien, dans leurs pensées, ainsi que dans leur cœur. Je ne connaissais pas la plume de Jane Austen, mais je dois dire que je suis soufflée et totalement conquise. Je ne vais pas hésiter à lire d'autre de ses romans. J'imagine que c'était une femme admirable pour s'être lancée en tant qu'écrivain à une telle époque !
Bref, une très belle histoire, avec un pan qui traite de l'amour, des devoirs familiaux inhérents à la descendance, des différentes strates de classes sociales dans l'Angleterre du XVIIIe siècle ainsi qu'à une vision de divers sentiments et préjugés intéressants qui vont plus loin que la simple "étiquette" relative au statut et aux moyens.
Pour ceux qui seraient un peu réfractaires à l'idée de lire une classique pour raison de traumatisme scolaire, vous ne risquez rien avec ce livre qui est vraiment très agréable. Je le conseille donc fortement à tous ceux qui ne l'auraient pas lu, il a très bien vieilli et mérite son statut d'incontournable de la littérature anglaise.