Michel est un agent immobilier fortuné et habitué à une vie luxueuse qui passe ses vacances dans un palace à La Baule. Il rencontre, bien malgré lui, Jean. C’est un ex-parisien misanthrope devenu paludier et menant une vie coupée de tout. Fascinés l’un par l’autre, ils entament une relation amicale d’une semaine faite de disputes, d’excuses et de folles soirées.
C’est avant tout un livre sur l’amitié et l’auteur tire son titre de l’expression latine « Amicitia Pactum Salis », l’amitié est un pacte de sel. Cette expression signifie que l’amitié est inaltérable mais le roman semble nous montrer le contraire. Si l’amitié entre les deux héros est fulgurante, elle n’est pas de tout repos. Le roman commence d’ailleurs par la découverte d’un cadavre qui laisse entendre que leur relation tournera mal. Même si les contraires semblent s’attirer, il apparaît vite que deux solitudes ne s’accordent pas forcément bien.
En parallèle de cette histoire, on découvre le passé des deux héros et notamment une amitié que Jean a eu avec un parisien excentrique et loufoque, Henri. Jean est séduit par cet homme bruyant et agité et va le suivre dans ses escapades nocturnes. C’est la première amitié véritable qu’il vit et elle se terminera violemment. On comprend que cela a profondément marqué Jean et que c’est ce qui a contribué à sa décision de quitter Paris. Les discutions entre Jean et Henri sont pleines de piquants.
« -J’ai l’impression que je vous ai déjà tout dit, nous n’avons plus rien à faire ensemble.
-C’est une définition de l’amitié, il me semble : connaitre sur le bout des doigts les anecdotes de l’autre.
– C’est une définition de l’ennui, ça n’a rien à voir.
Avec ce roman on découvre aussi une autre facette de l’auteur. Il nous plante son histoire dans un paysage atypique, véritable personnage au sein de l’intrigue. Les marais salants et la dureté du travail de paludier nous sont décrits avec précision et sensibilité. Michel et Jean évoluent dans cet univers, s’y disputent et s’y réconcilient. Dans ce cadre on retrouve avec bonheur la douce ironie et le grain de folie qui animent le style d’Olivier Bourdeaut et l’esprit de ses personnages. Il manie une forme d’humour que j’aime beaucoup et qui peut me faire franchement rire.
J’ai été un peu mal à l’aise néanmoins à la lecture d’un passage où les deux hommes se livrent à ce qui s’apparente à une séance de voyeurisme sur la plage. Même si certaines remarques sur les vacanciers sur la plage sont très pertinentes j’ai trouvé, pour une fois, l’humour un peu lourd…
Mais globalement Olivier Bourdeaut ne m’a pas déçue. Si l’histoire m’a un peu moins séduite que le précédent roman, il faut reconnaître que celui-ci est brillant d’un point de vue narratif. Son intrigue est maîtrisée jusqu’à la dernière ligne et nous réserve des surprises. C’est avec enthousiasme que je continuerai à suivre cet auteur au style si particulier.