Il fut un temps où Harlan Coben faisait partie de mes auteurs préférés, à une époque où je lisais peu, et quasi exclusivement des polars.
Depuis, j'ai appris à diversifier mes lectures, et j'ai abandonné le romancier américain pour diverses raisons, la principale étant que les intrigues de Coben ont tendance à toutes se ressembler, avec invariablement un personnage surgi du passé pour révéler aux héros une vérité dérangeante, camouflée sous diverses mystifications.
Les années ont passé, et voilà que dans les rayonnages de la médiathèque, je tombe sur la dernière publication du sieur Coben. Ni une, ni deux, me voilà happé à la fois par une bouffée de nostalgie incontrôlable, et par une envie de vérifier jusqu'à quel point je devais me sentir contrit et repentant vis-à-vis de mes lectures de jeunesse.
Verdict : je suis plutôt rassuré, finalement. Certes, on est face à du thriller commercial lambda assez impersonnel, mais je comprends très bien que ce que ce genre de lectures faciles peut avoir de gratifiant pour un lecteur occasionnel.
Déjà, "Par accident" se lit très vite et sans ennui. Il faut dire que les 350 pages officielles sont grandement facilitées par les gros caractères, les pages blanches systématiques entre deux brefs chapitres, et les nombreuses lignes de dialogues étirées.
D'autre part, le style direct et sans génie de Coben n'est pas pour autant creux ou désagréable, sachant faire preuve à l'occasion de sarcasme ou d'ironie, voire de réflexion sur les comportements sociaux, tels que la soif de vengeance personnelle ou le rejet des personnes marginales.
Quant à l'intrigue elle-même, si certains ressorts bien connus de l'auteur refont surface, Coben s'efforce d'apporter quelques nouveautés, avec un ancrage plus manifeste dans la réalité historique, entre reliques du temps de la guerre froide, et lutte contre le terrorisme depuis le 11 septembre.
Sans atteindre des niveaux insoutenables, le mystère et le suspense sont bien présents dans le roman, avec diverses fausses pistes et un dénouement assez surprenant, même si la résolution s'appuie sur une mécanique narrative très artificielle.
Au moins, Coben évite d'en faire des tonnes, nous épargnant le couplet lyrique final une fois l'énigme résolue, de sorte que "Par accident" apparaît comme un thriller oubliable mais pas du tout honteux, dans la moyenne des romans de l'auteur américain.