Par delà le bien et le mal de Friederich Nietzsche est un prélude à la philosophie future, il annonce ici un nouveau type de penseur, "l'esprit libre" très semblable au lion de Zarathrousta.
L'œuvre aux frontières du bien et du mal en vue du titre semble annoncer quelque chose bien au-delà.
Nous devons pourtant avant de découvrir cette chose, définir ce qu'est le bien et le mal.
Selon lui, le bien et le mal n'existent pas, ce sont des notions subjectives de la réalité instaurées par des données empiriques qui deviennent ensuite des vérités.
La vérité est une immuable vertu dans laquelle on aime se complaire, on la pense "logique" ou "sensé" le "faux" ne peut-être que désavantageux pour soi-même.
C'est dans cette quête qu'est celle de la vérité et de sa légitimité par son statut que de tout temps des philosophes ont défendu au prix de leur vie la "vérité" de la philosophie, du moins leur interprétation de celle-ci.
Nietzsche les décrit comme naïfs et dramatiques, celui-ci considère une vérité contestée ou non comme sans poids face à la vie, la vérité ne change pas si elle est vraie.
Il y voit là un acte d’auto persuasion, une vraie comédie.
La logique et les sciences humaines sont utiles, Nietzsche leur reproche néanmoins de ne pas être en mesure de percevoir les nuances, choses que l'on évite de rappeler.
Il existe tant de vérités diverses qu'il serait insensé de penser qu'une seule serait la bonne.
Un homme pensant A et un autre pensant B auraient tous deux raison, malgré cela l'homme pense sa vérité propre comme absolue.
Si l'on en croit Kant avec l'impératif catégorique celle-ci tendrait à se vouloir universelle, car fondée sur une "logique" du monde intelligible que le monde des sens entraverait.
Dans ce raisonnement la morale est une foi.
Cette volonté ou logique serait en réalité la volonté de puissance, loin d'être la volonté de l'homme lui-même, mais bien celle de la volonté elle même. Ainsi, la volonté serait et la pensée n'en serait qu'une conséquence, la volonté n'est donc pas seulement causalité mais définit aussi la réalité elle même alors.
La volonté serait par conséquente morale si l'on en suit la logique kantienne, mais en quoi ?
Nietzsche décrit la morale comme une intuition, le fait que plusieurs hommes en partagent les traits pousse à l'admettre comme logique, raisonnable, morale.
L'individu se retrouve alors fortement influencé par l'appartenance au groupe, par conséquent il devient enclin à le suivre et en adopter les aspects.
L'instinct grégaire selon Nietzsche est mauvais, l'individu ne peut compter sur aucun autre homme, beaucoup trop de choses séparent les hommes notamment leurs différences, l'envie de détruire l'autre ou encore de le dominer de quelque façon que se soit.
Les esprits libres doivent se tenir alors dans la solitude complète.
Le jugement d'un groupe semble beaucoup plus objectif que celui d'un seul individu, ainsi les propos du groupe ne passeront pas pour des choses anodines.
Le groupe serait une tromperie de l'esprit, dont il faudrait se détourner, l'homme possède des prédispositions pour suivre, c'est un vrai mouton.
Mais alors l'homme sage et solitaire doit paraître en être un et veiller, veiller à ne pas en devenir un, la quête de confort de l'esprit mène à la dépendance, et ainsi à devenir un mouton.
Nietzsche prétend que l'indépendance doit être éprouvée par diverses épreuves réelles dans un souci d'honnêteté "supérieure" envers soi-même.
La solitude est dangereuse pour la sécurité de l'individu, c'est ici que le "masque" est requis.
Celui-ci est doté de plusieurs capacités fortes nécessaires à son utilisateur telles que la dissimulation, la bonne volonté, la protection pour soi et autrui ainsi que la manipulation.
En réalité, rien ne prouve que derrière le masque il se cache un être.
C'est ici que Nietzsche remet en question le "cogito ergo sum" de Descartes.
Le cogito de Descartes est sensé en effet , "Je pense, je suis ?"
Cela s'applique parfaitement à la grammaire pourtant cela en est t’il réellement le cas dans la réalité ?
L'auteur pense que les subtilités de la grammaire ont peu de chances de s'appliquer au réel.
Nietzsche pense que la conscience elle même nous trompe peut-être sur ce qu'elle est, en nous faisant croire à son existence.
La pensé provient pour Nietzsche de la communication et du troupeau, l'homme pourrait vouloir se connaitre lui-même qu'il n'y arriverait pas, celui-ci ne perçoit en réalité que ce qu’il y n'a pas d'individuel chez lui ou encore ce qui est banal, la connaissance de soi semble alors faussée, impossible.
L'action de l'individu est motivée par lui même, mais celui-là n'en aurait conscience que par le groupe.

Comportant moins de "révélations" de Nietzsche que "Aurore" ou "Ainsi parlait Zarathrousta", "par-delà le bien et le mal", n'en reste pas moins excellent (halala, comme j'aime Nietzsche je suis fan), il s’agit encore d'un appel à la solitude, mais quelque chose change ici, la présence d'un masque et ça nécessité à la différence d'un "Ainsi parlait Zarathrousta" que l'on ne retrouvait pas dans ce dernier.
Les propos concernant le surhomme sont assez similaires avec les précédents livres (que j'ai lu, en même temps c'est le même auteur), celui-ci est toujours en quête de solitude et de dépassement de soi.
Certaines notes et explications techniques sur la pensée sont assez intéressantes (je pense notamment au "rire" de la science), mais bien moins instructives que dans les œuvres précédentes (avis personnel) à défaut d'être ne pas être le meilleur de Nietzsche (pour moi) "par delà le bien et le mal" n'en reste pas moins excellent.
Kyslegion
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le 20 mars 2015

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