Rappelle-toi ô mon âme d'enfant
Il pleuvait sans cesse à Vannes ce jour-là
Et la folie marchais, souriante,
A l'abri, ravie, ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi ô ma larme d'enfant
Il pleuvait sans cesse sur Vannes
Et j'ai croisé une couverture mouillée
Qui souriait pas
Et moi je souriais pas non plus
Rappelle-toi ô ma mémoire d'adulte
Lui que je ne connaissais pas
Lui qui ne me connaîtra pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand même ce jour-là
Et surtout, cela, ne l’oublie pas...
Un poète sous son imagerie s’abritait
Et il a crié le nom de la liberté
Un certain Prévert
Et il a volé vers moi sous la pluie
Ruisselant, révolutionnaire, épanoui
Et ses mots se sont jetés dans mes bras
Rappelle-toi cela ô mon Moi d'autrefois !
Jacques, ne m’en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j’aime
Même si je n'ai fait que les lire
Je dis tu à tous ceux qui aiment
Même si moi je n'aime pas
Rappelle-toi ô Forstang
N’oublie pas
Cette pluie sauvage et frileuse
Sur ces carreaux si vieux
Sur cette ville si frileuse
Cette pluie sur la mer
Sur l’école portière
Sur le bateau d’une Belle-Île
Oh mon cher Jacques
Quelle connerie l'enfance
Où ta liberté est maintenue maintenant
Sous cette pluie de prières
De peureux, de médiocrité, de tristes gens
Et ces paroles que je serrais dans mes bras
Si tendrement
Sont-elles mortes, Internétisées, ou bien encore vivantes ?
Oh mon cher Jacques
Il pleut sans cesse au-dessus de Vannes
Comme il pleuvait avant
Mais ce n’est plus pareil et tout m'est émigré
C’est une pluie de deuils, terrible et désolée
Ce n’est même plus la folie
Ni de prières, ni de médiocrité, que des tristes gens
Tout simplement des images
Qui me restent comme des chiens
Des chiens qui me viennent et redisparaissent
Au fil de l’eau sur le Golfe
Et vont hurler au loin
Au loin très loin de Vannes
Dont il ne me reste que la poésie.