¡ QUEREMOS VIVIR !
Je n'ai pas l'intention de répéter ce qui a pu être écrit et ré-écrit sur ce roman depuis qu'il a eu le prix Goncourt. Je tiens juste à préciser qu'une connaissance de l'espagnol permet de mieux...
Par
le 20 nov. 2014
13 j'aime
1
L'été 1936 fut inoubliable pour tous les français qui après la victoire du Front populaire bénéficièrent pour la première fois de congés payés. Au même moment, en Espagne, une insurrection militaire, qui rata partiellement, marqua le début d'une guerre civile atroce de 3 années dont les stigmates blessent encore la conscience collective du pays (voir la série de romans qu'Almudena Grandes a commencé d'écrire).
Automne 2014 : Lydye Salvayre, née Arjona, fille d'exilés espagnols, reçoit le Prix Goncourt pour Pas pleurer, un "roman" qui raconte à la fois la jeunesse de sa mère (Montse), entre 1936 et 37, et l'épouvante qui saisit Bernanos à Majorque devant les massacres de "rouges" perpétrés par les troupes franquistes avec la bénédiction de l'Eglise catholique. Un livre de transmission entre une mère et une fille et un réquisitoire contre le fanatisme, tous les fanatismes. Pas pleurer fait passer le lecteur par toutes les émotions : l'euphorie de son héroïne alors que Barcelone s'épanouit dans une ivresse libertaire, l'écoeurement quand Bernanos, inlassablement, fait le compte des républicains assassinés sans l'ombre d'un procès. Le saut d'un récit à l'autre est fluide, alternance de phrases courtes et cinglantes et de passages amples et travaillés (notons l'emploi récurrent de délicieux subjonctifs de l'imparfait).
Le coeur du livre réside dans les souvenirs de Montse, vieille femme usée qui semble avoir cessé de vivre à partir de son départ d'Espagne en 37. 75 ans ont passé mais seuls lui restent en mémoire les événements qui ont marqué son existence à jamais, au commencement de cette guerre civile, aux côtés d'un frère anarchiste et d'un époux (forcé) communiste, deux hommes que la haine rassemblait.
Le "fragnol", ce sabir entre français et espagnol cimente le roman. Un bonheur pour les hispanisants qui goûteront le côté picaresque du livre, notamment dans ces jurons et gros mots qui reviennent sans discontinuer dans la bouche de la vieille dame.
Il y a de la colère, de la passion, du drame et de la comédie dans Pas pleurer. Et avant tout l'hommage d'une fille à une mère laquelle, au soir de sa vie, vibrait comme une passionaria dans les bras de souvenirs indélébiles. Et qui, si longtemps tus, sont désormais passés de l'ombre à la lumière.
Pas pleurer, non. Mais ne jamais oublier non plus.
Créée
le 25 avr. 2017
Critique lue 299 fois
3 j'aime
D'autres avis sur Pas pleurer
Je n'ai pas l'intention de répéter ce qui a pu être écrit et ré-écrit sur ce roman depuis qu'il a eu le prix Goncourt. Je tiens juste à préciser qu'une connaissance de l'espagnol permet de mieux...
Par
le 20 nov. 2014
13 j'aime
1
Pierre Lemaitre en 2013, Lydie Salvayre en 2014. La 1ère Guerre Mondiale consacrée par un Goncourt en 2013, la Guerre Civile espagnole en 2014. Vivement le Goncourt couronnant un récit sur la Guerre...
Par
le 10 avr. 2015
8 j'aime
4
Lydie Salvayre évoque dans ce roman, prix Goncourt 2014, la guerre civile espagnole à travers deux personnes qui l’ont vécue : sa mère Montse et Bernanos un écrivain. La guerre n’est pas traitée...
Par
le 14 avr. 2015
5 j'aime
2
Du même critique
Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...
le 28 mai 2022
79 j'aime
4
Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...
le 25 août 2021
79 j'aime
5
Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...
le 25 sept. 2021
72 j'aime
13