Le narrateur reçois une lettre de Damian Baxter, un ancien ami qu'il a connu à 19 ans et qu'il n'a pas revu depuis près de quarante ans. Leur amitié s'était changée en haine depuis de mystérieux événements survenus au Portugal en 1970. Damian est devenu un homme richissime mais il est à l'article de la mort. Il charge le narrateur de retrouver, parmi ses anciennes conquêtes, laquelle pourrait être la mère de son fils. Commence alors un voyage dans la passé plein de fantômes, de rancœurs et de désillusions. Ses recherches vont mener le narrateur face à ses propres démons et vont le replonger dans un monde qui fut le sien et qui est desormais révolu.
Le roman fonctionne par allers et retours dans le temps. Le narrateur se plonge dans le passé au gré des rencontres et des discutions qu'il a avec ses anciens amis. Les secrets et les liens entre les personnages nous sont révélés au fur et à mesure. On comprend petit à petit ce qui les lie.
Le narrateur rencontre six anciennes amies qui furent enceintes en même temps pour savoir laquelle peut être la mère. Un chapitre est consacré à chacune d'entre elles et on découvre petit à petit le passé du groupe. On se doute rapidement qu'aucune des six femmes ne sera la mère car le ressort narratif est assez gros mais ça n'a pas d'importance. En effet l’intérêt du récit est moins la quête de la filiation que de découvrir le devenir de tous les protagonistes.
Il apparaît très vite que l'avenir s'est révélé décevant pour tous. Les personnages ont traversé la fin des conventions de la haute société londonienne et le début de la libération sexuelle en y laissant des plumes. Devenu adulte en pleine période de mutation, ils doivent s’adapter au nouveau monde tout en cherchant à garder leur tradition. Le véritable sujet du roman est le temps qui passe et les changements qui en découlent.
Le récit est aussi un prétexte pour évoquer la fin de l'aristocratie anglaise. Le ton est mélancolique et le narrateur regrette cette vie passée. On découvre les derniers feux de cette aristocratie et son devenir. Julian Fellowes est lui-même baron et a vécu la fameuse saison 68 avec les bals qu'il décrit. Il a utilisé pour son récit des personnages qu'il a connus et des situations qu'il a vécues mais l'intrigue est une invention. Il a néanmoins un regard extérieur sur son monde et n'hésite pas à critiquer les hypocrisies et le snobisme de ses pairs. Il pointe notamment la difficulté à être une femme dans ce milieu. J'ai beaucoup apprécié l’extrême lucidité du narrateur sur son époque et son monde.
C'est une lecture volontairement nostalgique et très immersive. Ce n'est pas un coup de cœur car l'intrigue est assez simple mais ça m'a donné très envie de découvrir les autres romans de cet auteur.