Une personne sans brillantes perspectives d'avenir qui, par le hasard d'un étrange concours de circonstances, a la chance de pouvoir endosser l'identité d'une autre personne, qui le plus souvent est morte sous ses yeux et chez qui l'herbe parait plus verte ; il n'y a pas idée de départ pour une histoire plus excitante au monde. Rien que dans le monde des séries, on est bien servi avec les Orphan Black, les Banshee et même les Mad Men...
Mais pour en revenir à notre roman The New Magdalen (je préfère le titre original, qui en plus de faire beaucoup moins téléfilm de l'après-midi d'M6, résume beaucoup mieux le propos du livre où la protagoniste apparaît en effet comme une sorte de nouvelle Marie Madeleine !!!), la toile de fond, la Guerre franco-prussienne de 1871, les personnages, Mercy (prénom pas choisi au hasard, je pense !!!), perspectives d'avenir très sombres à cause d'un passé terrible, Grace, perspectives d'avenir prometteuses car bon poste chez une vieille lady riche à venir, ... un obus plus tard... et voilà... Enfin, voilà et demi parce qu'il semblerait que l'obus n'est pas très bien fait son boulot d'obus...
C'est le début de cette oeuvre de Wilkie Collins, la deuxième que je lis de cet auteur contemporain et ami de Charles Dickens après L'Hôtel hanté, qui m'avait pas marqué des masses, et même son premier acte. Car on peut considérer ce roman comme une pièce en deux actes, le premier sur le front franco-prussien, l'autre, beaucoup plus long, dans la résidence de la vieille lady riche, sauf qu'il n'a pas le format "pièce de théâtre" étant donné que l'auteur décrit en détail les raisons psychologiques qui poussent les personnages à faire ceci ou à faire cela ; chose évidemment impossible dans l'écriture d'une pièce, et puis parce que aussi cela se termine en roman épistolaire.
Beaucoup plus qu'un quelconque roman à suspense, c'est surtout face à une critique féroce de l'hypocrisie de la Société victorienne qu'on va avoir affaire. Une critique qui est loin de manquer de puissance et qui réussit à se substituer au suspense pour rendre l'ensemble prenant. On peut juste regretter que le manichéisme soit un peu trop présent car il y a les très bons d'un côté, et d'un autre il y a les très méchants ou les très cons, pas de demi-mesure, pas de teinte grise... dommage pour cette réserve...
Pour terminer sur une note positive tout de même, sur un avis quand même globalement assez positif, je ne peux pas m'empêcher d'extraire une phrase du livre que je trouve plus que jamais actuelle :
Que la plume cesse de faire de la réclame pour le glaive, et je vois
d'ici le résultat : pas de comptes rendus, pas de combats.