CLAUDEL est un prosateur, certes, mais de là à dire comme certains qu’il est poète, je pense qu’il faut s’accorder un peu de réflexion. Qu’en pensez-vous? Nous avons face à ses textes dits «poétiques», une œuvre assez inégale, la prose n’est pas synonyme de poésie, je l’assimilerais plutôt à un langage littéraire. CLAUDEL est un auteur dramatique, la correspondance le fascine, les traités et les documentaires d’art critique constituent son terrain de prédilection. Il excelle dans la rédaction propre à la réflexion poétique, son extrême méditation biblique l’entraine à une forme de psalmodie sur ses propres textes. Comment refuser une langue aussi savoureuse que les prophètes nous ont si bien servi dans les livres saints? «Je n’attache absolument aucun prix à la valeur littéraire de mon œuvre (…) Charpentier, j’aurais mis la même conscience à raboter une planche que celle qu’en écrivant je mets à bien écrire.» Des propos honnêtes, cela va sans dire, mais modestes aussi. Même si CLAUDEL a, de tout temps, cherché à discipliner son inspiration et sa violence éruptive des mots, il n’en reste pas moins de lui attribuer «une haleine intelligible», plus proche de la versification des grecs ou de Shakespeare que de la notre.
Les lecteurs, auditeurs, longtemps réticents, prêtaient leurs sens à ce génie à nul autre pareil qui, en des temps de douleur (sans surprise pour vous), leur apprenait que du mal peut aussi sortir du bien. «Les grands écrivains n’ont jamais été faits pour subir la loi des grammairiens, mais pour imposer la leur et non pas seulement leur volonté, mais leur caprice.» Quelle force de caractère lui reconnait-on aussi!
Tempuslegendae
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le 16 oct. 2013

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