Critique de Pedigree par Ilnyakemaille
pas fini ...en écoutant Gide qui lui suggérait d'écrire à la 3ème personne, le récit devient un roman qui nous perd et nous éloigne de ce qui aurait pu être émouvant ...
le 14 nov. 2023
Je ne sais pas si "Pedigree" est le meilleur roman de Georges Simenon, mais c'est sans aucun doute l'un des plus marquants.
Si ce récit publié pour la première fois en 1948 est un livre hors-norme, c'est d'abord en raison de sa longueur inhabituelle, facilement cinq à six fois plus importante que la plupart de ses autres romans (en général assez brefs).
Surtout, "Pedigree" est un récit largement autobiographique, dont Simenon entame la rédaction fin 1940, alors que la guerre fait rage dans toute l'Europe, et surtout que les médecins lui ont annoncé un décès imminent en raison de problèmes cardiaques.
Au départ, "Pedigree" est donc une œuvre testamentaire adressée à sa famille, et plus particulièrement à son fils Marc âgé de 2 ans, dans laquelle Simenon raconte sa propre jeunesse à Liège (intitulée à l'origine "Je me souviens...").
C'est donc un ouvrage destiné en premier lieu aux admirateurs de l'écrivain, dans lequel celui-ci décrit avec une grande précision sa petite enfance - sous le nom d'emprunt de Roger Mamelin - auprès de parents aimants (en particulier son père, un homme simple qui aime la tranquillité et les habitudes), avant qu'à l'adolescence les rapports ne se détériorent progressivement avec sa mère, une femme ambitieuse, avare et névrosée.
Cette somme de détails et de micro-évènements risquent en revanche de rebuter le lecteur occasionnel, qui ne ressentirait aucune fascination préalable pour Georges Simenon.
Précisons en outre que le récit se disperse à plusieurs reprises dans une direction assez incompréhensible, avec l'histoire parallèle et sans lien direct du jeune Félix Marette.
A l'origine, "Pedigree" ne devait être que le premier tome d'une trilogie, dans laquelle Simenon se serait raconté depuis sa naissance jusqu'à l'âge adulte.
Hélas, dès la publication du premier volet, le romancier sera confronté à de nombreuses procédures judiciaires de la part de personnes qui se reconnaissaient dans son récit, et les lourdes amendes qu'il subira le décourageront de poursuivre cette autobiographie déguisée.
Histoire de combler en partie cette perte immense, et de compléter les informations disponibles sur le sujet, il me reste à découvrir "Lettre à ma mère", que Simenon rédigera beaucoup plus tard (publication en 1974), après la mort de sa génitrice.
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Créée
le 30 mars 2021
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